« Quels sont les ministres les plus actifs et dont l’action a impacté la vie nationale ? » La question a été posée à un échantillon de 1000 personnes représentant toutes les couches sociales congolaises par l’Institut de Sondage Les Points pour réaliser le baromètre du gouvernement du mois de juillet 2018.
A un peu plus de cinq mois des élections combinées du 23 décembre prochain, beaucoup d’acteurs politiques s’activent sur le terrain pour préparer leur bataille électorale. Certains membres du gouvernement ont littéralement séché leurs cabinets pour se lancer dans l’opération de séduction des électeurs. Cependant, quelques-uns ont été actifs, particulièrement ceux qui gèrent des secteurs régaliens sollicités justement dans le cadre du processus électoral. Certaines de leurs activités ont été suivies de près par la population congolaise.
C’est le cas de la poursuite de la réforme de l’administration publique, la modernisation du secteur foncier, le ballet diplomatique, la promotion de l’entrepreneuriat féminin et la lutte contre les facs news en ce qui concerne la question des droits humains. Par conséquent, les animateurs de ces secteurs occupent les premières positions du TOP 10 des ministres les plus actifs du mois de juillet 2018. Cette catégorie est essentiellement constituée des membres du gouvernement moins présents dans les médias suite à la méfiance de la population envers les discours véhiculés dans les médias. Cette baisse d’intérêt s’expliquerait également par le déficit de communication entre le gouvernement et les masses silencieuses, la désapprobation du Chef du gouvernement par certaines couches sociales.
Par ailleurs, pas de grands changements dans ce top 10 étant donné que les habitués sont bien en place même si certains ont connu une digression. L’enseignement majeur de ce sondage est la progression remarquable de la ministre du Genre, Famille et Enfant, Chantal Safou qui a intégré le dernier carré en se classant quatrième derrière Michel Bongongo, Lumeya Dhu Malegi, She Okitundu et José Makila mais devant Henri Mova, Joseph Kokonyangi, Henri Yav, Lambert Mende et Jean-Lucien Busa. Le baromètre se présente donc de la manière suivante:
Michel Bongongo
La réforme de l’administration publique initiée par le Chef de l’Etat et conduite par le ministre d’Etat à la Fonction publique est appréciée par la quasi-totalité de la population congolaise. Au mois de juillet, 82% de la population interrogée ont apprécié le nouveau cap franchi avec le lancement, une première en République démocratique du Congo, du concours pour les candidats secrétaires généraux. Toutes les enquêtés informés de cette initiative la soutiennent et estiment que ce concours va sonner la rupture avec les mauvaises habitudes du passé. Il occupe la première place du baromètre.
Lumeya Dhu Malegi
Le ministre des Affaires Foncières récolte le bon fruit de la lutte contre la fraude dans son secteur et la mobilisation de recettes. Avec plusieurs milliards de francs congolais de recettes réalisées, il a séduit 67% des enquêtés qui sont d’avis qu’il est un « bon ministre » soucieux de la bonne santé du trésor public. Il se positionne deuxième au top 10 du gouvernement.
Joseph Kokonyangi
Le ministre de l’Urbanisme et Habitat reste toujours actif et c’est logiquement qu’il a obtenu 61% de cote de popularité en occupant la troisième place du baromètre. Cette légère progression s’explique entre autres par l’ouverture au dialogue et le patriotisme qu’il a manifesté dans la gestion du conflit l’opposant à la hiérarchie de l’AFDC, mais aussi par la série d’activités qu’il a menées dans le cadre de la vulgarisation de la loi sur les baux à loyer, laquelle pourra mettre fin à l’anarchie dans ce secteur.
Etant donné que le marché du logement est déséquilibré en RDC, il fallait mettre en application la loi n°015/025 du 31 décembre 2015 relative aux baux à loyer. Et c’est chose faite avec la première étape qui consiste à sa vulgarisation. D’où toute l’importance que le patron de l’Urbanisme et Habitat accorde à la vulgarisation de cette loi.
Chatal Safou
La ministre de la Famille, Genre et Enfant a mis la barre très haute au mois de juillet 2018 avec une série d’activités qui lui ont valu une augmentation remarquable de sa cote de popularité pour se classer quatrième du Top 10 avec 60% d’opinions favorables. Elle avait notamment lancé la vulgarisation du protocole de Maputo sur les droits de la femme en Afrique et a encouragé les dénonciations des pratiques néfastes imposées aux femmes entre autres les mutilations génitales et les harcèlements sexuels.
En sa qualité de présidente en exercice du Comité technique spécialisé de l’Union Africaine sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, c’est sous son leadership que la RDC a pris une part importante dans l’application de l’accord de Maputo sur les droits de femmes adopté en 2003 par l’UA.
Elle s’est engagée à faire respecter ces engagements ensemble avec les partenaires et a annoncé la mise en place d’un cadre de suivi et d’évaluation pour apporter un appui technique aux ministères sectoriels, assurer le monitoring, participer à l’élaboration des rapports et à la mobilisation des ressources financières pour sa mise en œuvre.
Henri Mova
Le Vice-premier ministre de l’Intérieur et Sécurité s’est classé cinquième avec 60 % d’opinions favorables. A son actif au cours du mois de juillet, les personnes enquêtées ont retenu notamment le paiement de la caution payée en 2015 par les candidats aux élections législatives provinciales.
She Okitundu
Le Vice-premier ministre des Affaires étrangères joue au sapeur-pompier selon la nécessité et sait blâmer lorsque les intérêts ou la Souveraineté de la République démocratique du Congo sont menacés. Il n’a pas dérogé à la règle au mois de juillet car tant à l’étranger qu’au pays, il a été au rendez-vous pour faire son travail. Pour 58% des personnes interrogées, ses nombreux déplacements à l’étranger pour défendre la cause de son pays et surtout le rappel à l’ordre du ministre délégué aux congolais de l’étranger après sa bourde concernant les « visas humanitaires ou de soins médicaux ».
Pour beaucoup de Congolais, en agissant ainsi, le Chef de la diplomatie congolaise a étouffé un feu qui pouvait causer un incident diplomatique avec deux pays partenaires dont les ingérences dans les affaires domestiques de la RDC ont toujours été une source de discordes permanentes.
La remise des jeeps à plusieurs fonctionnaires et cadres de l’administration de son ministère a aussi contribué à la bonne réputation de She Okitundu au cours du dernier mois. Il se trouve à la sixième place.
José Makila
Le Vice-premier ministre en charge des Transports et Voies de Communication a encore fait parler de lui positivement au cours du mois de juillet notamment en obtenant l’installation sur le ciel RD congolais de la compagnie d’aviation indienne civile « Groupe Blooberry airways ». Pour 56% de congolais interrogés, l’avènement de cette firme de navigation internationale aérienne va faciliter les déplacements à l’intérieur du pays étant donné qu’elle s’est engagée à exploiter les différents réseaux domestiques. L’opinion favorable obtenue par José Makila est aussi facteurs des efforts fournis pour le développement de son secteur et de la prudence avec laquelle il a géré les dossiers de demande d’autorisation d’atterrissage des jets de Jean-Pierre et Moise Katumbi pour leur retour au pays. Il est fixé à la septième marche.
Henri Yav Muland
Le Ministre des Finances signe son retour dans ce baromètre et se classe à la huitième place avec 54% d’opinions favorables. A son actif, les personnes enquêtées notent la mise en place des stratégies et recommandations du gouvernement en vue de l’amélioration de l’exécution des opérations de la banque africaine de développement (BAD) en RDC.
Il connaît également le succès suite au remboursement de la caution des candidats à la députation provinciale de 2015.
Lambert Mende
Le Ministre de la Communication et Médias continue à marquer l’opinion même quand il parle peu. Ces quelques rares interventions ont suffi pour obtenir 53% d’opinions favorables. Ce qui a marqué le plus de gens, c’est sa réaction d’homme d’Etat aux cris des journalistes évoluant dans la presse en ligne sollicitant un délai supplémentaire avant l’application de l’arrêté portant organisation de ce sous-secteur de son ministère. Il se trouve à la neuvième place.
La dernière marche du podium est occupée par le ministre du Commerce, Jean-Lucien Busa qui obtient 51% d’opinions favorables.
Sa participation active à l’élaboration d’un cadre destiné à aider les Etats membres de la Communauté des Etats de l’Afrique australe (SADC) et le renforcement des capacités des PME à participer au processus d’industrialisation et aux chaines de valeur a influencé son classement dans ce baromètre du gouvernement de mois de juillet 2018.