Des rumeurs depuis plusieurs semaines, le journal Le Phare, proche du Rassemblement, sinon coté très proche du leader de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Félix Tshisekedi, a confirmé l’information selon laquelle les Evêques catholiques ont repris les contacts avec les acteurs politiques du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (Rassop) et ceux de la Majorité Présidentielle.
Si l’on croit le journal de l’avenue Lukusa (dans la commune de le Gombe), Félix Tshisekedi, Secrétaire général adjoint de l’UDPS et président du Rassop, a été reçu au Centre interdiocésain, au siège de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), cette structure qui avait conduit, au mois de décembre 2016, les Discussions Directes entre les délégués du Rassop et ceux de la Majorité.
Selon la même source, le Pr Adolphe Lumanu, délégué de la MP à ces pourparlers et membre influent du camp présidentiel, a, lui aussi, été aperçu du côté du Centre interdiocésain. Ce n’est pas tout, car Mamane Sidikou, Représentant spécial du SG de l’ONU en RDC et patron de la MONUSCO, et l’ambassadeur des USA ont également rencontré les Evêques catholiques.
Que se sont dit toutes les personnalités précitées et les Evêques catholiques quand on sait que les relations sont orageuses entre le Pouvoir de Kinshasa et le CENCO depuis quelques mois. Cette situation est née après que les Evêques catholiques aient lancé une opération de l’éveil des populations afin de réclamer la tenue des élections, surtout de la Présidentielle au plus tard le 31 décembre 2017.
D’aucuns se souviendront que la CENCO n’a jamais digéré la non-application de l’Accord politique conclu par le Rassemblement et la Majorité Politique le 31 décembre 2016, mais surtout la falsification de l’Arrangement Particulier par le camp présidentiel.
Des signes précurseurs
Mais comme en politique tout peut bouger à tout moment, il nous revient d’apprendre que les contacts ont été rétablis entre les deux parties. Selon des indiscrétions, tout aurait changé au lendemain de la rencontre entre le chef de l’Etat, Joseph Kabila, et Mgr Marcel Utembi, le président de la CENCO. De retour du Sommet de l’Union Africaine au mois de juillet, Joseph Kabila avait fait escale à Kisangani pour échanger avec le n°1 de la CENCO.
« Nous avons parlé élections. Les élections auront lieu. Ce n’est un secret pour personne. Tout le monde parle élections. Et je crois que le président de la République, à son niveau aussi, n’a cessé de dire qu’il y aura des élections », avait déclaré Mgr Marcel Utembi à l’issue de son entretien avec le chef de l’Etat. Et d’ajouter : « Nous avons traité des questions qui ne peuvent pas être révélées maintenant parce que c’est une affaire entre deux autorités importantes : le Président de la République et le Président de la CENCO. Vous savez que la CENCO a dû conduire la médiation des négociations directes pendant trois mois. Et c’est tout à fait normal qu’il ait le suivi par rapport à la mise en œuvre de ce document important ».
Pour certains analystes, la reprise des contacts entre la CENCO et les acteurs politiques peut être la suite de la rencontre entre Joseph Kabila et Mgr Marcel Utembi. Déjà, il se murmure dans des milieux politiques que les deux camps pourraient se retrouver autour d’une table au mois de septembre afin de débattre sur l’application effective de l’Accord dit de la Saint-Sylvestre.
De la méfiance à Limete
Roulés dans la farine après la signature de l’Accord de la Saint-Sylvestre, plusieurs dirigeants du Rassop ne croient plus à la bonne foi de leurs collègues de la Majorité. Des déclarations sont entendues dans ce sens pour dire non à de nouvelles négociations avec le camp présidentiel.
Cependant, la présence de Félix Tshisekedi, président du Rassemblement, laisse une petite ouverture quant à la reprise des pourparlers entre les deux parties. Si lui et son camp réclament toujours la Primature comme prévu dans l’Accord, des sources indiquent que la MP – qui ne croit plus à la tenue des élections au mois de décembre de cette année – penserait à une nouvelle transition de deux ans.
Le probable deal politique à conclure entre le Rassemblement et la Majorité Présidentielle serait connu : Primature contre deux ans de transition. Au président du Rassop de savoir ce que veut son camp. Sinon, on parlera encore de la trahison.
CN