Bemba et la carte Kengo

Le Mouvement de libération du Congo (MLC) et ses alliés dont la Lucha et Filimbi ont lancé, samedi 30 octobre, une plateforme dénommée : « Front pour le respect de la Constitution ». L’objectif, à en croire Eve Bazaiba, secrétaire général du MLC, est de conserver la loi fondamentale, « un pacte républicain ».

Discret jusque-là, le parti de Jean-Pierre Bemba se veut désormais actif face aux enjeux de l’heure. Absent du dialogue bouclé le 18 octobre à la Cité de l’UA, pas intéressé par la démarche du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement surtout avec son fameux « régime spécial », la deuxième force politique de l’opposition veut désormais être présente. Mais à sa manière.

Derrière cette nouvelle ligne de conduite de ce parti, il faut lire l’ombre d’un certain Jean-Pierre Bemba qui, à partir de sa cellule à la Haye, téléguide souvent les faits et gestes du parti. Qui dit « respect de la Constitution », dit surtout qui peut gérer le pays après le 19 décembre, date de l’expiration du mandat constitutionnel de Joseph Kabila. A ce sujet, Bemba jouerait la carte Kengo wa Dondo. L’ancien Vice-président de la République se sentirait beaucoup plus proche de son compatriote du grand Equateur. Le président du Sénat président intérimaire ? Oui, la Constitution le prévoit dans son article 75 : « En cas de vacance pour cause de décès, de démission ou pour toute autre cause d’empêchement définitif, les fonctions de Président de la République, à l’exception de celles mentionnées aux articles 78, 81 et 82 sont provisoirement exercées par le Président du Sénat ». Même si ce président du Sénat, lui aussi, « glisse » depuis deux législatives. Mais, ce n’est pas de sa faute, selon les dires de certains cadres du MLC. En plus, l’article 105 de la Constitution indique que « le mandat du sénateur commence à la validation des pouvoirs par le Sénat et expire à l’installation du nouveau Sénat ». Cette disposition rendrait donc caduc le « glissement » de celui qui ne manque, dans son riche palmarès, que l’institution président de la République à diriger. C’est le moment ou jamais, en dépit du fait que l’intéressé observe, sur ce point, un calme de curé. Après le 19 décembre, le pays se trouvera dans un « cas d’empêchement définitif », à en croire les pro-Kengo. Le Front des démocrates de Jean-Lucien Bussa qui défendait cette position avec force s’est éteint après les assises de la Cité de l’UA dont l’accord final consacre le maintien de Joseph Kabila jusqu’à la tenue des élections en avril 2018.

Ainsi, un troisième camp qui conteste à la fois l’accord du 28 octobre et le « régime spécial » du Rassemblement d’Etienne Tshisekedi, vient de se signaler. Ajoutant une dose de complexité à la crise. Un argument supplémentaire pour soutenir  la tenue d’un dialogue réellement inclusif pour mettre en commun les trois grands points de vue nationaux qui divergent.

 

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