RDC : des hommes en uniforme déconnent trop !

Alors que l’Université de Kinshasa n’a pas encore fini de pleurer la mort de ses étudiants tués par la police alors qu’ils manifestaient contre la grève des enseignants, voilà qu’un militaire des FARDC a tué cinq personnes à Tshikapa hier, dimanche 18 novembre.

Le drame se déroule vers 3 heures du matin, le dimanche 18 novembre 2018, indique un témoin contacté par CONGO NOUVEAU. Un militaire des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) a ouvert le feu sur un groupe de personnes rassemblées à l’occasion d’une veillée mortuaire à l’esplanade de la concession Mbwa, derrière l’immeuble Mayate, dans le centre- ville de Tshikapa, dans la province du Kasaï.
Bilan : cinq morts sur place et plusieurs blessés. Les dernières informations ont revu le bilan à huit morts.
« Il aurait interdit à sa femme de se rendre aux funérailles en question. Cette dernière n’a pas obéi. Très remonté, le militaire a débarqué sur le lieu, disant à sa femme de rentrer à la maison. Cette dernière a refusé, cherchant le refuge au milieu de personnes. C’est alors que le militaire s’est mis à tirer dans tous les sens », raconte notre témoin.
Sa femme n’est pas parmi les victimes. Le concerné a été arrêté. Cet évènement intervient au moment où les étudiants de l’Université de Kinshasa font le deuil de deux de leurs, tués par la police alors qu’ils manifestaient dans le site universitaire pour réclamer la fin de la grève des professeurs. Ces deux cas illustrent une situation régulière concernant le dérapage des hommes en uniforme en RDC. De l’avis de plusieurs congolais, policiers comme militaires déconnent trop. La réforme de l’armée et de la police nationale, financée par les partenaires extérieurs dont l’Union africaine, semble n’avoir pas porté de fruit. La police nationale reste loin d’être professionnelle, malgré les louanges des autorités. Depuis 2016 notamment, elle a eu du mal à gérer les manifestations politiques et pacifiques. Des centaines de morts sont à répertorier depuis, dont celle de Thérèse Kapangala, abattue froidement dans la concession de la paroisse Saint François de Salle de Kintambo lors d’une marche du Comité laïc de coordination. Dans les cités, les jeunes Kuluna règnent en maître sous la barbe des policiers postés dans des sous-commissariats devenus presque des stands commerciaux.
« J’ai été visité une nuit par des malfrats à main armée qui m’ont tout pris. Le matin, je suis allé déposer une plainte, mais je n’ai pas pu parce qu’on me demandait 20 dollars. Comme je n’avais rien, la police n’a jamais ouvert le dossier », témoigne un habitant du quartier Bibua, dans l’Est de Kinshasa. Que dire de la police de service roulage dont beaucoup connaissent plus leur tracasserie auprès des automobilistes que leur régulation de la circulation ?
A l’Est du pays, particulièrement dans la région de Beni, l’armée reste impuissante, depuis quatre ans, face aux ADF, rebelles ougandais auteurs d’exactions répétitives contre les civils. La semaine dernière, sept casques bleus et une dizaine de FARDC ont été tués dans une opération conjointe contre ces rebelles.

CN

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