Parc agroalimentaire de Bukanga-Lonzo: des associations réclament l’indemnisation des communautés locales

Dans un communiqué conjoint, une centaine d’organisations de la Société Civile ont publié les résultats de l’enquête sur l’évaluation de l’impact, quatre ans après ce projet, sur les droits de communautés locales. Il en ressort des informations recueillies que pour le besoin des étendues des terres évaluées entre 83.000 et 85.000 hectares, qui, appartenant plutôt aux familles locales et clans de villages environnants ont été cédées par le gouvernement sans leur consentement ni indemnisation adéquate préalable.

Ces organisations appellent le gouvernement d’identifier les familles dont les terres ont été accaparées, avant d’ordonner leurs restitutions. Aussi, doit-il procéder à l’évaluation des préjudices subis et l’indemnité à leur allouer.
En outre, un atelier tripartite avec les parties prenantes pour évaluer les impacts du projet sur les communautés locales est vivement souhaité.
Au finish, le Gouvernement doit tirer des leçons qui s’imposent avant de dupliquer l’expérience de Bukanga-Lonzo dans d’autres provinces du pays en veillant, à l’enquête préalable, à la consultation des populations locales et à leur consentement, à la vacance des terres, à l’étude d’impact environnementale et sociale, à la négociation et à l’indemnisation des populations victimes d’une éventuelle expropriation.
Les gestionnaires du Parc Agro Industriel de Bukanga-Lonzo quant à eux doivent ouvrir des négociations avec les ayant droits des terres occupées aux fins d’une juste indemnisation. En plus, ils sont appelés de dévoiler le capital social de ce parc aux ayant droits des terres occupées en compensation de celles-ci à défaut d’une juste indemnisation.
Les populations victimes d’accaparement des terres de leur côté devraient s’organiser en association des victimes pour la défense et le recouvrement et de leurs droits. Cela, en plus de saisir la justice et autres mécanismes de protection des droits de l’homme.
Pour la Société Civile, il lui faut organiser, encadrer et soutenir les communautés victimes dans le recouvrement de leurs droits méconnus à la suite de l’installation du Parcs.

Située sur la nationale n°1 à environ 260 km au sud-est de la ville de Kinshasa et à 45 km de Kenge, chef-lieu de la province du Kwango, projet d’implantation de vingt-trois parcs agroalimentaire dans les différentes provinces du pays, le site de Bukanga-Lonzo a été choisi pour la première expérience, après la signature du contrat entre le Gouvernement de la RDC et la compagnie sud-africaine « AFRICOM COMMODITIES.
Quatre ans après le lancement de ce projet, il ressort des informations recueillies par l’organisation Œil des Victimes des Violations des Droits Humains (OVVDH) et d’autres organisations signataires que, les étendues des terres qui appartenaient aux familles locales et clans de villages environnant ont été cédées par le Gouvernement sans leur consentement ni indemnisation adéquate préalable. Il s’agit d’un projet d’un investissement très important dont le capital social s’élève à 83 millions de dollars américains regroupant le Gouvernement de la RDC comme actionnaire principal et la société de droit sud-africain Africom Commodities.
Selon ces OSC, le lancement de ce projet n’a pas été précédé de l’étude d’impact environnemental et social, a été suivi de l’occupation sans accord des ayant droits, des terres arables coutumières pourtant occupées et exploitées par les populations locales pour l’agriculture et la satisfaction de leurs besoins primaires.

Plaintes des populations
Les entretiens réalisés auprès des populations environnantes du Parc ont fait part des doléances et témoignages qui révèlent que plusieurs terres appartenant aux communautés ont été récupérées et affectées à l’exploitation du parc. L’accaparement de ces terres communautaires au profit du projet du Parc n’a pas été précédé d’une négociation libre, préalable et éclairée avec les populations locales et plus spécialement les ayant droits desdites terres.
Il s’est observé que, non seulement le Parc avec l’accord du Gouvernement a occupé anarchiquement les terres des populations locales sans leur consentement, et les a occupé, sans justes indemnisations aux familles et clans victimes.
« Les envoyés du Gouvernement nous ont proposé l’indemnité de moins de cinq dollars par famille victime. Ce que nous avons refusé. Ils nous ont intimidé directement pour obtenir notre adhésion au projet et arracher les signatures de certains membres du village y compris des mineurs », a déclaré un membre du village Baringa Ngashi a déclaré aux organisations sur terrain durant l’enquête.
Cependant, les ONG constatent que le Gouvernement et son partenaire sud-africain du Parc ont porté atteinte aux droits des populations riveraines à leurs ressources naturelles, les privant de leurs moyens de subsistances en aggravant la pauvreté de ces populations déjà marginalisées. «… ce parc est venu aggraver notre misère. Ils nous ont pris nos terres, et on ne sait pas aller aux champs, faire l’élevage, accéder à nos étangs et à l’eau y compris au cimetière. Ils doivent nous remettre nos terres et nous payer », a signalé le paysan d’un des villages environnants le Parc à la mission d’enquête.
Ainsi, les organisations signataires estiment-elles que les impacts négatifs du projet pilote du parc sur les droits fonciers des populations locales appellent seulement à l’indemnisation et à la réparation des préjudices subis et à des mesures correctives avant l’implantation de douze autres parcs dans les restes de provinces.

Judith Asina

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