Six membres du gouvernement de la République séjournent depuis le 19 février dans l’Ex-province du Bandundu où ils se sont rendus pour s’acquérir de la situation des vaches qui fâchent la population autochtone. Au troisième jour de leur séjour, ils se sont confrontés à l’hostilité des habitants de la localité de Bukanga-Lonzo dans le Kwango qui exigent avant toute négociation, le retrait de tous les vaches présentes dans leur terre.

Ayant reçu du Premier Ministre Bruno Tshibala la mission de « s’assurer de l’état de santé du bétail et régler les problèmes de cohabitation entre éleveurs », ils ont tenté en vain de persuader les habitants de cette contrée qui supportent mal la présence des éleveurs étrangers.
Selon de sources locales, les membres de la délégation gouvernementale ont expliqué entre autres à leurs interlocuteurs que ces éleveurs sont de concitoyens congolais qui, se sont déplacés dans ce coin à la recherche de terrains de pâturage pour leurs bétails et qui doivent par conséquent bénéficier de l’hospitalité. En retour, la population de Bukanga-Lonzo aurait répondu qu’elle n’a pas besoin de viande de bœuf qu’elle considère d’ailleurs comme un appât.
« Ils ont crié qu’ils ne veulent pas de ces éleveurs et que les autorités nationales devraient les prendre avec elles si elles ne veulent pas qu’ils s’en chargent eux-mêmes », raconte un témoin. Sur place, les ministres dont certains arrivent dans le Kwango pour la première fois, n’ont nullement pas parlé d’un éventuel retour des éleveurs dans leur lieu de provenance. Ce qui n’a pas contribué à apaiser la colère des habitants du Kwango qui ne demandent qu’une chose: le retour sans condition de ceux qu’ils considèrent comme des envahisseurs.
Pour ce faire, bien avant l’arrivée de la délégation gouvernementale, ils ont organisé dans différents coins de la province du Kwango des mouvements de mobilisation pour empêcher certains troupeaux des vaches de passer. C’est le cas d’une barricade érigée par les jeunes de Kenge pour empêcher à un troupeau de passer d’un coin à un autre.
Et malgré ces premiers résultats que l’on peut juger négatifs, les émissaires du gouvernement comptent bien poursuivre leur mission dans le Grand Bandundu jusqu’au bout et entendent infléchir la population. Mais l’équation s’annonce difficile, ou mieux impossible au regard de différentes interprétations faites notamment sur les réseaux sociaux au sujet de ces troupeaux que certains internautes qualifient de « chevaux de Troie ». En effet, si certains expliquent qu’il s’agit des éleveurs venus du Sud Kivu pour vendre leurs vaches ou à la recherche des terrains de pâturage, d’autres y voient les stratégies de l’occupation.
Par ailleurs, les appels à la vérité se multiplient venant tant des hommes politiques que des membres de la société civile. Les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) sont eux aussi montés au créneau pour chercher à savoir « ce qui se trame » derrière cette affaire qui visiblement, est loin de se terminer.
La délégation gouvernementale est composée du Ministre d’Etat à l’Economie, Joseph Kapika, Ministre de l’Environnement Amy Ambatobe; Ministre de l’Agriculture Georges Kazadi, Ministre de la Pêche et Elevage Daniel Yéréyéré ; Ministre des Affaires Coutumières Guy Mikulu et du Vice-Ministre de l’Intérieur et Sécurité Basile Olongo. Ils rentreront à Kinshasa le 25 février et devront présenter le rapport de leur mission au Gouvernement.

Jean Dende