L’année 2017 risque de connaître une fin orageuse plus que l’année 2016. Se basant sur la Constitution du 18 février 2006 qui donne droit au chef de l’Etat de briguer un mandat de cinq ans, une fois renouvelable, les acteurs politiques de l’Opposition ont repris leur refrain d’il y a un an : Joseph Kabila doit quitter le pouvoir après le 31 décembre 2017. Décryptage.
Après la visite de Nikki Haley, l’ambassadrice des Etats-Unis aux Nations Unies, à Kinshasa, au mois d’octobre dernier, d’aucuns avaient cru que la crise politique allait baisser d’un cran en République Démocratique du Congo (RDC). Pendant son séjour kinois, la diplomate américain avait rencontré le chef de l’Etat congolais, les acteurs politiques de l’Opposition, dont Félix Tshisekedi et ceux de la Société civile.
A l’issue de tous ces échanges, l’Envoyée de Donald Trump avait annoncé la tenue des élections avant la fin de l’année 2018. Et pour concrétiser la volonté de Washington, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) a publié le calendrier électoral, fixant l’élection présidentielle au 23 décembre 2018.
« Oui, mais sans Joseph Kabila »
En réaction à la proposition de la diplomate américaine, Félix Tshisekedi, Secrétaire général adjoint de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) et président du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (Rassop), dans une déclaration faite dans la presse, faisait une contre-proposition. Lui et son parti était prêts pour une présidentielle qui aurait lieu en juin 2018.
En effet, l’acceptation par l’UDPS de voir les élections se tenir en juin 2018 est assortie d’une condition : celles-ci devraient se tenir sans Joseph Kabila. Cette position a été réitérée à l’issue de deux jours de Conclave du Rassop tenu au centre Caritas, à Kinshasa. Non seulement que la plate-forme dirigée par Félix Tshisekedi appelle à une transition sans Kabila, elle a aussi décrété une série d’actions contre le régime en place, notamment campagne dite de « colère patriotique » jusqu’au 31 décembre 2017. Selon le communiqué final de ces travaux lu par Martin Fayulu, le Rassemblement invite le peuple congolais à actionner l’article 64 de la Constitution.
Partagé entre les élections et le départ de Kabila
Pensant que la plupart des partenaires extérieurs de la RDC – les USA, les Nations, l’Union Européenne, l’Organisation Internationale de la Francophonie, l’Union Africaine, le Canada, la Belgique – soutiennent le calendrier électoral présenté par la CENI, l’aile dure de l’opposition, elle, semble privilégier d’abord le départ de l’actuel locataire du Palais de la Nation avant de penser aux batailles électorales.
L’attitude des animateurs du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement commence à susciter des interrogations de la part de certains observateurs de la scène politique congolaise. Qu’adviendra-t-il si les bailleurs occidentaux donnent à la CENI les moyens dont elle réclame pour l’organisation des élections ? Comment va réagir l’aile radicale de l’opposition si jusqu’au 23 novembre 2018, date de l’élection présidentielle, Joseph Kabila est encore au pouvoir ?
Craindre l’option du boycott
Si jamais le Rassop prenait l’option de tout rejeter, notamment le calendrier négocié et obtenu par la Maison Blanche, d’aucuns se demandent si les animateurs de l’opposition pourraient encore compter sur le soutien des partenaires extérieurs, surtout de Washington.
« A cette allure, analyse un observateur avisé de la scène politique congolaise, il faut craindre que les animateurs du Rassop optent pour le boycott des prochaines élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales prévues dans notre pays l’année prochaine ». D’aucuns craignent le syndrome kenyan où Railla Odinga, le leader de l’opposition à boycotter la présidentielle, laissant ainsi le champ libre à Uhuru Kenyatta.
En attendant le 31 décembre 2017, considérée comme une ligne rouge que ne doit franchir le régime en place à Kinshasa, une question s’impose : qui va arbitre la « guerre » entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi.
Thomas NABOR