Il est devenu familier de vivre pendant de longs moments dans l’obscurité totale à Kinshasa et dans le reste du pays à cause des coupures intempestives du courant électrique. La société nationale d’électricité (SNEL) continue de briller par son incapacité à desservir valablement ses abonnés. Les congolais s’y sont bien accommodés que cela ne constitue plus une gêne, car, ils ont fini par se résigner en prenant leur mal en patience sans broncher face à ce fléau. Pour justifier son incompétence chronique, cette société publique multiplie diaboliquement des raisons, évoquant pendant la saison sèche, la baisse du niveau du fleuve et des pannes injustifiées pendant la saison des pluies. Diversifiant des échappatoires, les chargés de communication de la SNEL attribuent la carence de l’énergie électrique de plus en plus criante ces derniers jours à Kinshasa, au vol des câbles par des jeunes de certains quartiers. Et la situation va de mal en pis, car, il n’existe plus aucun quartier de la capitale congolaise qui soit épargné par ce phénomène.
En effet, l’on assiste impuissamment au retour du cycle infernal et récurrent des coupures qui engendrent d’énormes désagréments aux abonnés à tel point que ces derniers ne savent pas quoi faire pour y remédier. Longtemps épargnés, certains quartiers résidentiels et commerciaux à l’instar de Mont-Fleury, Limete-Kingabwa, Gombe et Righini passent actuellement des longues heures sans électricité et la rencontre de football tant attendue du samedi dernier entre la RDC et le Rwanda en quart de finale de la coupe d’Afrique des nations (CHAN) 2016 n’a pas été suivie par bon nombre de personnes.
Malgré les accompagnements de l’Etat et, en dépit de nombreuses ressources financières dont elle dispose, cette société continue de s’enrichir injustement sur le dos de ses abonnés, tout en restant incapable de jouer valablement son rôle.
Plutôt que d’assurer de manière efficace la desserte de l’énergie électrique devant alimenter les ménages et les commerces ainsi que les services de l’Etat, les responsables de la SNEL se sont détournés de leur mission. Certains se sont convertis en agents de marketing pour les fabricants de certaines marques d’ampoules qu’ils présentent comme « économiques » et d’autres, chargés de communication, font publiquement la publicité du délestage à la télévision nationale. Ces derniers prétendent qu’il faut éviter d’utiliser des appareils électriques dans les ménages sous prétexte qu’ils consomment plus du courant. Heureusement que le ridicule ne tue pas.
Des supplices continuels
Bien qu’admise par la population, l’absence du courant électrique dans les ménages inquiète les habitants à cause des difficultés que cela engendre sur leur vécu quotidien. Pour ceux des quartiers considérés comme chics, vivre sans électricité est ennuyant et insupportable. A cela, il faut ajouter des pertes énormes enregistrées de suite de l’arrêt ou de la reprise subites de la fourniture du courant qui détruisent des appareils électroniques et électroménagers à cause du dérèglement de l’intensité. Quant aux commerces utilisant de l’énergie électrique, c’est la cessation d’activités à défaut de s’acheter un groupe électrogène.
L’énergie électrique est incontestablement incontournable pour le développement de l’activité humaine et industrielle et un mobil pour une véritable production de richesses dans un pays. Dans le cas de la RDC, un pays qui se veut émergent dans un proche avenir, ce précieux instrument est beaucoup plus auréolé de rêves que d’actions concrètes. Il est même devenu un luxe dans certaines communes de Kinshasa où le retour du courant est accueilli par des cris de joie.
Le rêve de l’énergie électrique assurée et continuellement desservie à toute la population congolaise est loin de se concrétiser au regard du manque de volonté manifeste de l’Administrateur directeur général de la SNEL, Eric Mbala. Au moment où la population de Kinshasa sent jusqu’au plus profond de lui les souffrances dues au manque d’une parfaite fourniture en courant électrique, il se contente de remplacer des techniciens expérimentés par des stagiaires sans une moindre expérience. Une affaire à suivre…
R. Djanya