Le rapport réalisé par la Commission d’Enquête Mixte créée par la ministre des Droits Humains Marie Ange Mushobekwa suivant un Arrêté ministériel au sujet des allégations des violations et atteintes relatives aux droits de l’Homme en lien avec les manifestations du 31 décembre 2017 et 21 janvier 2018 organisées par Comité Laïc de Coordination (CLC) a été rendu public samedi 10 mars à Kinshasa.
Pour les deux journées des manifestations, il a été rapporté à la commission que plusieurs paroisses ont été prises d’assaut dès les premières heures par des policiers, militaires et agents de sécurité lourdement armés, allant jusqu’à empêcher certains chrétiens à accéder dans les églises dont d’ailleurs, selon ses sources, certaines ont été carrément scellées par les agents de la police sans aucune décision judiciaire. Cette situation a inquiété plus d’une personne surtout les fidèles catholiques. Le rapport indique également que dans certaines paroisses, les messes se sont déroulées normalement, mais après les bénédictions finales suivis de la présentation des points de ralliement par les délégués du Comité Laïc de Coordination, les chrétiens voulant sortir pour marcher ont été surpris par des grenades lacrymogènes et des tirs. Pour certains, à balles réelles, et pour d’autres, des balles en caoutchouc. Selon les témoins, ceux qui avaient réussi à sortir de leurs paroisses pour entamer lesdites marches, ont été réprimés par certains agents des forces de l’ordre et de sécurité occasionnant plusieurs morts et des blessés graves, rapporte la même source.
S’agissant particulièrement de la marche organisée le 21 janvier 2018, plusieurs cas d’arrestation ont été signalés avant le relâchement des uns. A en croire des sources, certaines communautés membres du CLC n’ont pas, jusque-là, des nouvelles de certains de leurs membres pourtant partis à la messe. C’est le cas notamment de Roger Kisweka, Fanny Imana de la paroisse Saint François, et Jacques Makusu de la paroisse saint Pie X. Leurs familles respectives multiplient des démarches dans le souci de les retrouver. Il convient d’indiquer que concernant le cas de docteur Fanny Imana Lobota, notre source renseigne que peu avant, cette dernière aurait été visitée par des personnes non autrement identifiées et aurait subi des menaces malgré son état de grossesse.
Par ailleurs, ce rapport de la Commission d’Enquête Mixte a été élaboré sur base de 122 (cent vingt-deux) victimes et ayants droits ainsi que témoins auditionnés qui ont accepté de répondre à l’invitation de la CEM-3121, réalisées uniquement dans la Ville de Kinshasa. Il mentionne 14 (quatorze) morts, 65 (soixante-cinq) blessés, 40 (quarante) cas d’arrestations, détentions, tortures et traitement cruels, inhumains et dégradant ainsi que 10 (dix) cas d’extorsion et vol à mains armées.
Présidée par la ministre des Droits humains, cette commission mise en place le 1er février intégrait des délégués du ministère des Droits humains, du ministère de la Justice, de la Commission nationale des Droits de l’homme (CNDH), de la société civile, du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) et du Bureau de liaison de l’Union africaine (UA).
CP