L’incertitude grandit quant à la tenue, dans le délai requis, du scrutin présidentiel en République démocratique du Congo. En novembre, la population risque de ne pas élire son nouveau président et la famille présidentielle le confirme à demi-mot.
« Il n’est un secret pour personne que le mandat du président Kabila se termine en décembre 2016. A l’allure où vont les choses, nous n’aurons pas organisé les élections telles que cela aurait dû être prévu. Pourquoi ? La Ceni a déjà donné des raisons auxquelles nous adhérons. De même, après décembre, il ne peut y avoir, comme le disent certaines langues, vacance de pouvoir », a prévenu, le 12 mars, Baudouin Banza Mukalay Nsungu, ministre de la Culture et Arts et membre de la Majorité présidentielle (MP). L’intention de la MP de conserver le plus longtemps possible le pouvoir et cela à tout prix ne fait plus l’ombre d’aucun doute. Et la décision de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) visant à organiser la présidentielle couplée aux législatives qu’après 14 mois de révision du fichier électoral conforte la position de la plate-forme présidentielle. Les partisans de cette famille politique qui appellent de tous leurs vœux au dialogue, espèrent trouver dans ce forum, un consensus politique pouvant conforter la position du président Kabila au-delà de 2016. « Refuser le dialogue, c’est avoir un schéma autre que celui de la paix. C’est chercher le désordre et le chaos », a rajouté Banza Mukalay.
Kabila va-t-il dépasser les bornes ?
Les Congolais, qui voient la présidentielle s’échapper, n’entendent pas tous voir le chef de l’Etat poursuivre son bail au-delà des bornes fixées par la loi fondamentale. Ainsi, les explications sur la vacance du pouvoir après l’expiration du mandat présidentiel s’invitent au débat : « Le peuple ne se laissera pas faire… », a affirmé, début mars, le député Francis Kalombo. Avant de poursuivre : “Le but recherché par les constituants originaires est l’alternance démocratique et le refus total des présidents à vie. Si l’on s’en tient au texte, le mandat de Joseph Kabila se termine le 19 décembre 2016 à minuit. Il sera dès lors dans l’incapacité définitive d’exercer sa fonction présidentielle. L’article 75 de la constitution prévoit alors, en cas de vacance de pouvoir, qu’il revient au président du Sénat de prendre la tête du pays avec une seule mission: l’organisation des élections dans les trois mois qui suivent. Certains membres de la majorité présidentielle évoquent l’article 70 pour essayer de faire croire à l’opinion que Joseph Kabila peut rester au-delà du 19 décembre 2016. Car selon le deuxième paragraphe de cet article, le Président doit rester en fonction jusqu’à l’entrée effective du nouveau président élu. C’est vrai, mais ils oublient de mentionner que cet article ne peut être opposable que si un nouveau Président a été élu conformément aux articles 73 et 74 ! Le nouveau Président élu n’entre en fonction que dans les dix jours qui suivent la proclamation des résultats définitifs. C’est pendant cette période limitée à dix jours que le Président reste aux commandes”.
Une explication qui ne plait certainement pas à ceux qui veulent jouer aux prolongations. Mais la réalité est que la CENI prendra ses 14 mois de revision du fichier electoral et le vote par les Congolais du nouveau president pourrait être renvoyé aux calendes grecques.
CN