Désigné candidat à l’élection présidentielle par la plate-forme « Nouvel Elan », Adolphe Muzito déposera son dossier le mercredi 8 août prochain à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). L’ancien Premier ministre et élu de la ville de Kikwit (province du Kwilu), aura donc rendez-vous avec l’histoire dans deux jours.
Dans son album « Intervention rapide », l’artiste-musicien Ngiama Makanda, dit Werrason, disait : « Bakangaka mbula, mais moyi bakoka te » (Traduisez : Ils ont empêché la pluie de tomber, mais ils n’ont pas réussi à empêcher le soleil de briller). Faisant sûrement sien cet adage, l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito se veut un jusqu’auboutiste par rapport à ses ambitions politiques. Plébiscité candidat du Parti Lumumbiste Unifié (PALU) – son parti politique – par les militants au niveau du pays, même par ceux vivant à l’étranger, l’homme des tribunes va, selon son entourage, déposer sa candidature pour s’incliner devant la volonté de ses compatriotes qui veulent le voir servir le pays au sommet de l’Etat.
Contrairement à certains cadres du PALU qui veulent maintenir le parti dans les girons du pouvoir alors que les accords politiques noués en 2006 et 2011 sont tombés caducs, Adolphe Muzito, lui, se range du côté des acteurs politiques qui militent pour la rupture avec l’ordre ancien et obtenir une alternance politique au lendemain du scrutin du 23 décembre 2018.
Fidèle aux idéaux du parti et au patriarche Gizenga
Fidèle aux principes politiques édictés par le chef du parti, le patriarche Antoine Gizenga, Adolphe Muzito a, dans une lettre adressée au patriarche Antoine Gizenga, indiqué qu’il prendra ses responsabilités si son parti ne désigne pas un candidat. A ce sujet, d’aucuns se rappelleront que dans sa déclaration politique du 17 janvier dernier, le patriarche Antoine Gizenga affirmait haut et fort que le PALU présentera des candidats à tous les niveaux, même à la Présidence de la République.
Considéré comme le père « du point d’achèvement » de l’initiative des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) qui a permis à la RDC de souffler sur le plan économique, Adolphe Muzito s’est forgé un statut d’un présidentiable à la suite de sa grosse activité politique après son départ de la Primature. C’est à travers ses différentes tribunes que plusieurs compatriotes et autres partenaires de la RDC ont découvert ce que vaut l’élu de Kikwit sur le plan intellectuel et surtout ce qu’il pense sur l’avenir de son pays.
Projet de société
Pour plusieurs observateurs de la scène politique congolais, c’est à travers ces tribunes que l’ancien Premier ministre « vendait » son projet de société pour le Congo de demain dont il n’a cessé de rêver. « Cela fait un bon bout de temps que nous le suivons à travers ses tribunes dans le cadre de l’Université Populaire (UNIPOP) dont il est l’initiateur (…). Nous avions compris qu’il faisait des projections dans le sens de propositions des pistes de solutions pour l’amélioration des conditions de vie des Congolais », a dit Charles Bofassa Djema, le Coordonnateur de la plate-forme Nouvel Elan, justifiant le choix de Muzito comme candidat de leur regroupement politique à la prochaine présidentielle.
Sur terrain, le député élu de Kikwit avait prouvé, lors de sa tournée dans les provinces du Kwango, du Kwilu, du Maï-Ndombe et du Kasaï, qu’il dispose des assises populaires réelles. De Kenge à Tshikapa, en passant par Kikwit, Idiofa, Mangai, Nioki… Adolphe Muzito a vu ses compatriotes adhérer massivement à ses idées et à son projet de société.
Dans les milieux des intellectuels, Adolphe Muzito est considéré comme cette personne sincère qui rend compte à ses compatriotes ce qu’il a constaté comme faiblesses dans le fonctionnement du pays. Du coup, il propose des solutions pour corriger les erreurs du passé. De mémoire de journaliste, je ne connais pas un Premier ministre congolais qui l’a déjà fait. L’élu de Kikwit me rappelle ces hommes d’Etat occidentaux qui écrivent après leur passage au pouvoir.
Cependant, une seule question revient dans l’opinion : quelle est la position de l’ancien Premier ministre face à la problématique d’une candidature unique que préconisent certains leaders de l’opposition, notamment Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba, Freddy Matungulu… ? Sûrement qu’il se prononcera sur cette question après le dépôt de son dossier.
Rombaut KASONGO