Politique politicienne et journée ville morte

L’on s’étonnera que la RDC ait eu autant de mal à émerger de la difficile situation qui est la sienne. On se posera la question, dans quelques décennies, de la cause d’une lutte si longue et si usante pour un pays qui a tout pour décoller. L’Histoire étudiera certainement ce pays comme un cas, non pas d’école, mais d’exception. Tellement la bonne foi aura été combattue, au profit de bénéfices si égoïstes et narcissiques, qu’ils en deviennent criminels.

‘’Un  peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.’’ La citation est de Winston Churchill. Pour dire qu’elle ne date pas d’aujourd’hui. Si vieille et tellement d’actualité ! Si générale et tellement particulière, qu’appliquée au microcosme politique congolais, elle dépasse les limites de l’imaginable. Car la classe politique congolaise est…l’on est tenté de le dire, médiocre.
Brève analyse de la situation. Mardi, appel à la journée ville morte sur toute l’étendue du territoire. Dans le bilan, personne ne sait vraiment dire. Impossible d’avoir un avis réel. Tout le monde est politisé. Et quand c’est le cas, la vérité appartient à celui qui raconte son histoire le premier. Il faut créer  le buzz, c’est tout ce qui compte. Et de communiqué en tweet, les uns et les autres, Majorité comme Opposition, se lâchent dans des posts quasi ridicules. Là où il y a de l’activité, on dit qu’il n’y avait personne. Et là où il n’y avait personne, on dit qu’il y avait foule. Pour un appel national, on se contente de trois, voire quatre villes, dans un pays de 21 provinces. La journée s’est ainsi déroulée. Il y eut un soir, il y eut un matin, ce fut la fin de ce mardi 16 février 2016.
De tout ce tralala politique, le peuple est présent par un silence assourdissant. Tous parlent pour lui, mais personne pour son compte. C’est le marchepied parfait. Des deux côtés, personne ne se pose la question de connaitre les vraies raisons des résultats de cette ville morte. Personne ne veut le faire en fait. Car tous savent que les congolais sont restés chez eux par peur de tomber au milieu d’échauffourées avec en prime une probable balle perdue, ou une bastonnade en règle de la part des partisans de l’opposition.
On ne nous mentira pas, les journées ville morte, on connait depuis déjà 26 ans !!! Et on sait comment ça se passe. Mais on ment, sans peur de paraitre ridicule. En lieu et place de raisonner, on déraisonne. Au lieu de réfléchir, on suppute. On se convainc d’une conviction qui n’a de conviction que le nom. On se répète qu’on a raison, et pire, on échafaude des stratagèmes. Tout est bon pour se faire une place au soleil.
Parlant de la journée ville morte, l’Opposition ne nous a montré que le matin. Pendant que la Majorité ne nous en montrait que l’après-midi. La journée avait été savamment découpée, pour le succès des uns et des autres.
26 ans après, Kinshasa aura connu sa énième journée ville morte. Une ville morte dont l’importance a du reste été renforcée par l’interpellation de Martin Fayulu dimanche. On se demande encore pourquoi. Tout comme on se demande si les congolais qui sont restés chez eux de gré ou de force, en connaissent la véritable signification, le sens profond. Les victoires, de ce fait, ne sont pas de vraies victoires, et les défaites encore moins. Ce qui devrait ramener le sieur Olenghankoy sur terre, lui qui déjà la suite de cette journée du 16 février, s’offrait des Unes dans les journaux de la place pour mettre à son compte le succès de cette ‘’mobilisation’’.
Côté Majorité, rien de significatif. On s’est limité à parer les coups, voire à les accompagner. Pas d’anticipation pour une journée annoncée des mois en avant. Rien d’efficace qui puisse, faute de démobiliser, démontrer que la Majorité constitue effectivement une majorité.
Aucune implication. On a vite fait de comprendre qu’il n’y a de majorité qu’au Parlement, et aucunement au sein de la population. A moins que l’on ne nous dise que dans l’entretemps, il y a eu divorce entre la majorité au Parlement, émanation du vote de la population pourtant, et cette dernière. De quoi se demander si cette absence de combativité n’est pas une façon attentiste de la Majorité de réclamer l’alternance par un silence et un laisser-faire.
De ce que la Majorité refuse de considérer comme un échec, elle cherche pourtant à qui refiler la responsabilité. Pour certains acteurs, membres d’institutions, c’est la faute du gouvernement, dont seul le Premier ministre devrait être remplacé. Alors que la Majorité a un secrétaire général, alors que ce dernier gère le groupe parlementaire, relais par excellence avec le peuple.
On leur aurait accordé du crédit dans ce qu’ils présentent comme une lutte pour les intérêts du ‘’chef’’, si on ne savait pas tout le mal qu’ils en ont dit à Bruxelles, à Paris, et Dieu seul sait où encore, avant de se voir confier un poste dans le système qu’ils ont dénigré. Des hommes sans bilan et opportunistes, qui se veulent défenseurs d’une cause dont ils ont dit tout le mal du monde. Des hommes sans honte ni scrupules, des courtisans au service d’intérêts égoïstes, qui trainent des casseroles dont les lignes et colonnes de ce journal ne sauraient contenir.
Il est temps que l’on se pose les questions, les bonnes, et que tout cela nous ramène à la véritable situation. Car le Congo de demain a besoin d’hommes valables. Des hommes qui ont le sens de l’Etat et du sacrifice. Donc des hommes d’Etat et de devoir. Pas d’opportunistes patentés. Non ! Plus jamais ça, journée ville morte ou pas. Car les victoires politiques sont opportunes. Gardons-nous de les rendre importunes. Et dans le souci de bâtir une nation, évitons le narcissisme, et consacrons-nous à construire un avenir commun, radieux pour tous.

CN

 

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