Elle est venue, elle a rencontré presque tous les acteurs socio-politiques en République Démocratique du Congo (RDC), mais elle n’a pas échangé avec celui qui devrait lui faire le topo de la situation que vit le pays sur les plans sécuritaire, économique, politique… Premier ministre de la République, censé gérer le pays au quotidien, Bruno Tshibala a été superbement ignoré sur la liste des personnes que Nikki Haley, l’ambassadrice des Etats-Unis aux Nations Unies, devrait recevoir en RDC.
Voulant s’imprégner de la situation socio-politique qui prévaut en République Démocratique du Congo (RDC), Donald Trump, le président des Etats-Unis, a envoyé un émissaire, en la personne de l’ambassadeur de son pays aux Nations Unies. Sur place, l’ambassadrice Nikki Haley est venue non seulement pour savoir pourquoi le processus électoral a pris du plomb dans l’aile, mais aussi pour se faire une idée sur la situation sécuritaire.
C’est dans ce cadre qu’elle a démarré son séjour en RDC dans l’Est, notamment dans la province du Nord-Kivu où opèrent plusieurs groupes armés locaux et étrangers. A Kitshanga, au nord de la ville de Goma (chef-lieu de la province du Nord-Kivu) où elle a visité des camps de déplacés, l’envoyée de Donald Trump n’avait pas retenu ses larmes au vu de la précarité dans laquelle vivent les déplacés. Pour mettre fin à la misère que vivent les déplacés, surtout les femmes violées, elle a appelé à la tenue des élections afin d’apporter l’alternance politique appelée par presque tous les Congolais.
Liste sélective
De retour Kinshasa, Nikki Haley a rencontré outre le chef de l’Etat, le président de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), une délégation de l’Opposition… Question : pourquoi le Premier ministre, Bruno Tshibala, censé gérer le pays au quotidien comme le stipule la Constitution, n’a pas été reçu par l’envoyée de Donald Trump ? En principe, c’est auprès de lui que l’ambassadrice américaine devrait avoir toutes les informations sur la crise que vit la RDC.
Selon des analystes, il y a deux cas à prendre en compte en ce qui concerne le cas Tshibala. Le premier cas est de considérer que son nom n’a pas été repris sur la liste des personnalités que devrait rencontrer l’ambassadrice américaine. Dans ce cas, il faut se demander pourquoi celui qui est censé gérer la res publica a été superbement ignoré sur la fameuse liste.
Le deuxième cas est que les services américains, qui doivent avoir donné des indications sur les personnes à rencontrer, devraient avoir dit à l’ambassadrice Nikki Haley, qu’elle perdrait son temps d’échanger avec un Premier ministre bien présent à la Primature, mais qui, selon des sources, ne gère presque pas. Sinon c’est auprès de lui que l’envoyée du président américain devrait savoir pourquoi son Gouvernement ne donne pas de moyens à la CENI pour organiser les élections. C’est aussi auprès de Bruno Tshibala qu’elle devrait avoir des amples informations sur la présence massive des groupes armés dans l’Est et sur ce que fait l’Exécutif national pour mettre fin à ce phénomène. De deux cas, il semble que le deuxième soit le plus plausible.
Pour un observateur de la scène politique congolaise, parlant sous le sceau de l’anonymat, pour n’avoir pas voulu rencontrer Bruno Tshibala, l’ambassadrice des Etats-Unis a peut-être donné le message selon lequel Washington ne reconnaît pas l’équipe dirigée par celui qui se dit avoir récupéré le brassard du « doyen » de l’Opposition après la mort d’Etienne Tshisekedi.
CN