A quelques mois de la tenue des élections présidentielle et législatives nationales et provinciales, certains acteurs politiques jouent avec le feu en voulant ouvrir la boîte à pandore, en agitant question relative à la nationalité. C’est celle-là la trouvaille de ceux qui ne veulent pas voir certains citoyens congolais concourir aux futures joutes électorales. Ceux agitent cette affaire ont pour seul but : empêcher Moïse Katumbi, considéré comme le farouche opposant à Joseph Kabila, de se présenter à la prochaine présidentielle, prévue le 23 décembre 2018.
C’est depuis l’annonce de sa candidature à la magistrature suprême que l’ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga voit le pouvoir de Kinshasa lui chercher de poux sur la tête. Meilleur gouverneur, enfant-chéri de la kabilie avant qu’il ne prenne ses distances en 2015, Moïse Kabila a vu le Parquet de Lubumbashi le condamner pour un dossier de spoliation d’un immeuble monté de toutes pièces.
Depuis quelques jours, le régime de Kinshasa – sûrement ayant peur du succès récolté par Moïse Katumbi à l’issue du Conclave de son clan politique tenu en Afrique du Sud et qui reconfirmé sa candidature – s’appuie sur cette affaire de nationalité italienne. « On ne peut avoir dirigé le Katanga, dirigé la famille politique présidentielle aux élections de 2006, 2011 et avoir amené à des victoires électorales et quelques mois après on revendique de légitime de sa candidature à la Présidence de la République, tout d’un coup on n’est plus Congolais », fait remarquer Olivier Kamitatu. Pour lui, « il n’y a ni plus, ni moins la volonté manifeste de nuire Moïse Katumbi », avant de rappeler que « Congolais d’origine, sa mère est de ligner royale ».
« Ces manœuvres du pouvoir visent finalement à empêcher Moïse Katumbi de participer à la course à la présidentielle. Si Katumbi est aujourd’hui sujet italien, pourquoi l’avons-nous laissé diriger le Katanga pendant près de 10 ans alors qu’il n’est pas Congolais ?», s’interroge Gabriel Kyungu ? Et d’ajouter : « Si le PGR veut amorcer une instruction pour usurpation de nationalité de la part de Katumbi, il devra également interpeller ceux qui l’ont laissé diriger en le nommant par complicité ». D’après des sources, certains membres de la Majorité Présidentielle craignent que la boîte à pandore ouverte avec la convocation de Moïse Katumbi n’ait des répercussions insoupçonnées. « Moïse Katumbi est déjà cuit. C’est inutile de le victimiser aujourd’hui avec une procédure qui risque de nous sauter à la figure », explique un cadre de la MP à nos confrères de politico.cd.
Se rappeler de la « Motion Makila » « Par rapport à la question liée à la nationalité, affirme un analyste politique averti, la République Démocratique du Congo est assise sur un volcan qui peut faire irruption à tout moment ». Ceux qui veulent déterrer ce dossier oublient qu’une motion d’un certain José Makila, siégeant alors comme député du Mouvement de Libération du Congo – MLC – sur la question liée à la nationalité, avait failli faire exploser l’Assemblée nationale. « Si un débat avait été ouvert à l’époque et les résolutions issues de celui-ci appliqués, plus de la moitié des députés allait être frappés », renseignent plusieurs sources. Lesquelles ajoutent que certains partenaires extérieurs, craignant que la RDC – fraîchement sortie de la guerre – ne replonge dans la crise avaient joué dans les coulisses pour amener le bureau de la Chambre basse à surseoir « la motion Makila ».
Remettre aujourd’hui ce dossier sur la table, c’est vouloir faire voler en éclat la nation congolaise et, par ricochet, perturber la tenue des élections tant attendues par la population congolaise, quand on sait que la classe politique congolaise – toutes tendances confondues, compte plusieurs « vrais-faux Congolais » dans ses rangs.
Des cas emblématiques
Depuis les premières élections tenues en 2006, la presse congolaise révèle presque chaque jour le nom soit d’un membre du Gouvernement, soit de la diplomatie… ayant une autre nationalité que celle de son pays. Des cas dits emblématiques ne manquent pas. En effet, il a fallu que Samy Badibanga soit nommé Premier ministre pour que la presse révèle qu’il est de nationalité belge. Il fallait aussi qu’Oly Ilunga et Tharcisse Loseke soient nommés ministres dans le même Gouvernement pour que les Congolais apprennent qu’ils ne sont pas Congolais.
D’aucuns se souviendront que François Beya, nommé ambassadeur de la République Démocratique du Congo à Bruxelles, avait vu la Belgique refusé de l’accréditer parce qu’ayant la nationalité belge. Depuis hier, la photocopie du passeport belge d’un ancien vice-ministre dans le gouvernement Badibanga circule sur la toile. Toujours sur la toile, circule une copie du Moniteur belge sur lequel on peut lire que Jean-Claude Baende, ancien gouverneur de l’Equateur, est citoyen belge depuis le 12 octobre 2001.
Avec tous ces cas évoqués ci-haut, ouvrir le dossier sur la nationalité, c’est vraiment ouvrir la boîte à pandore qui peut avoir des répercussions inimaginables.
CN