La MP asphyxie-t-elle la démocratie ?

Depuis l’invalidation, par la CENI, de certaines candidatures aux postes de gouverneur et vice-gouverneur, les réactions ne faiblissent pas. Certains députés provinciaux de l’opposition accusent la Majorité présidentielle de forcer notamment le choix des députés pour élire le candidat imposé par cette famille politique.     

Après la sonnette d’alarme tirée par le Groupe de sept (G7) et la Dynamique de l’opposition sur « l’inféodation » de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à la Majorité présidentielle, la dérive semble continuer. En Ituri, une autre nouvelle province, des députés d’opposition accusent la majorité d’intimider ses députés à l’approche de l’élection du gouverneur prévue le 26 mars. Ils ont également accusé une délégation de la Majorité présidentielle qui s’est rendue, dimanche 6 mars, à Bunia en provenance de Kinshasa, d’avoir menacé de dissoudre l’Assemblée provinciale si les députés du camp présidentiel ne votaient pas tous pour le candidat de leur famille politique.
Parmi les intimidations, l’on évoque parfois des menaces de non rétrocession des recettes de ces provinces. Ce, au cas où la MP verra trôner sur la province un autre gouverneur qui ne reflètera pas son choix. Celui d’Abdallah Pene Mbaka, candidat de la majorité présidentielle au poste de gouverneur de l’Ituri.
Du côté de l’opposition, cette démarche relève de l’intimidation et ne respecte pas les principes démocratiques. Certains députés provinciaux proches de l’opposition n’hésitent plus à conscientiser les collègues de la majorité. « Nous sommes devant de grandes responsabilités. Nous sommes en train d’engager l’avenir de la province. L’histoire d’intimidation ou d’un choix forcé, nous disons non », a déclaré à Radio Okapi, Pierre Claver Bedidjo, député provincial du Mouvement de libération du Congo (MLC).
Une autre inquiétude qui fuse cette fois du côté des organisations des droits à la justice, c’est une présumée pression d’une délégation du personnel de la justice en provenance de Kinshasa pour superviser, selon elles, les traitements des dossiers en appel des candidats invalidés par la CENI. « Nous sommes inquiets parce qu’en envoyant des hommes venant de Kinshasa, il y a des fortes craintes que ces hommes puissent dicter des décisions aux juges », a indiqué Georges Kapiamba, coordonnateur de l’Association congolaise pour l’accès à la justice. Il s’est dit en même temps « profondément préoccupés » par la décision de la CENI invalidant les candidats indépendants.
Cette invalidation des candidats qui résulte, selon la Dynamique et le G7, d’une lettre du secrétaire général de la Majorité présidentielle adressée à la CENI, est un nouveau pas vers l’absence de démocratie. Daniel Ngoy Mulunda, ancien président de la Ceni, n’avait pas du tout apprécié la démarche de la majorité en parlant d’une « asphyxie de la démocratie » sur son compte Twitter.

CN      

 

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