Le projet de modernisation du tronçon de la Route nationale n° 1 compris entre la ville de Kananga dans le Kasaï central et Kamina dans le Haut Lomami en passant par Mbuji-Mayi dans le Kasaï Oriental alimente une polémique. Un contrat signé à cet effet entre le ministre de tutelle, Thomas Luhaka Losendjola et le groupe Anhui Foreign Economic Construction Co, ltd (AFECC) contient de nombreuses irrégularités et pècherait tant par sa forme que par son fond.
Des chiffres forfaitaires par ci, le choix sentimental de maitre d’ouvrage délégué par-là, ça prend les allures d’une gestion archaïque des affaires publiques. Et que cela vienne de celui qui prétend connaitre bien le Congo, il faut tout simplement s’en moquer ! En effet, dans le but d’assurer la fluidité du transport entre la ville de Kananga, Chef-lieu de la province du Kasaï central et celle de Lubumbashi dans le Haut-Katanga, le gouvernement de la République avait pris la décision de réhabiliter la route nationale numéro 1 reliant ces deux centres commerciaux et les villes environnantes. Pour ce faire, une entreprise chinoise a été chargée, dans de circonstances que l’on ignore encore, d’exécuter ces travaux et la signature du contrat est intervenue le 6 avril 2017. Selon les termes de ce contrat, le groupe Anhui Foreign Economic Construction Co s’est engagé d’assurer la conception et l’exécution des travaux sur le tronçon compris entre Kananga et Nguba, long de 1082 km, entendu que les frais de travaux allaient être remboursés à l’institution bancaire de Chine grâce aux fonds générés par l’exploitation de la route construite et la gestion de péage. Gros soucis: le coût de travaux fixé à un milliard deux cent trente-deux millions cent soixante-dix-huit mille trois cent cinquante-trois et quarante-six cents dollars américains (USD 1232 17835,46) aurait été fixé sans aucune étude économique ni d’étude environnementale, encore moins d’étude technique. Quant au devis, il n’existerait pas encore à ce jour, de quoi pousser les experts en la matière à crier à la tricherie et à une signature à l’emporte pièces, dans le but selon eux, de se partager la manne de ce juteux contrat. Et le principal suspect de cette possible escroquerie contre l’Etat ne serait autre que le Ministre des Infrastructures, Travaux publics et reconstruction, Thomas Luhaka, lui qui est soupçonné d’avoir retardé la signature en attendant de recevoir des assurances qu’il allait être maintenu à ce poste dans le gouvernement Tshibala.
Autres zones d’ombre…
Autre point qui laisserait penser à la main basse de l’ancien Secrétaire général du MLC sur l’argent de l’Etat dans ce contrat public-privé, c’est le choix de l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT) en lieu et place de l’Office des Routes comme maitre d’ouvrage délégué quand on connait les capacités et les faiblesses de chacune de ces structures. « Les parties ont convenu que l’Agence Congolaise des Grands Travaux et l’Institut d’études de l’Entrepreneur réaliseront conjointement, conformément aux définitions des travaux et aux exigences des gouvernements congolais et chinois, les études de conception du projet de modernisation de la route nationale n°1, tronçon Kananga-Nguba », lit-on dans la section relative à la réalisation des études. Or, selon une source interne, l’Office de route serait mieux équipée à réaliser de telles études et à un moindre coût. « Le problème c’est que si l’OR avait été choisie comme maitre d’ouvrage délégué, il n’y aurait pas beaucoup de marges de manœuvres pour la partie gouvernementale. C’est pourquoi on a porté le choix sur l’ACGT qui malheureusement n’est qu’un bureau de surveillance mais qui a l’avantage d’être facilement manipulée», explique-t-elle. Et aux dernières nouvelles, le dossier serait au point mort alors que selon un membre de son cabinet, Thomas Luhaka aurait touché ses pourcentages dès la signature du contrat. A quel jeu jouerait alors celui dont le post-nom, Losendjola signifie dans un dialecte parlé dans le centre du pays: « diviseur ou l’homme qui achève » ? En tout cas personne ne peut répondre exactement à cette question, mais tout ce qui mérite d’être dit pour l’instant, c’est que comme en Afrique tout nom est porteur d’une signification, le Chef de l’Etat Joseph Kabila et le Premier Ministre, Bruno Tshibala doivent ouvrir l’œil et le bon. Cela, non seulement sur ce projet mais aussi sur d’autres conduits par le patron des ITPR.
Jean Dende