Après l’échec de la signature de l’arrangement particulier de l’Accord du 31 décembre qui lui était peu favorable, Joseph Kabila a reposé sa main sur le gouvernail politique en consultant les parties prenantes aux discussions du Centre interdiocésain. Il pourrait, sauf changement, s’adresser à la Nation ce 5 avril via les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès. Son discours va-t-il progresser ? Après tout un trimestre de dialogue sans fin, le chef de l’Etat a repris la main aux évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) qui en ont assuré la médiation du 8 décembre 2016 au 27 mars 2017. Hier, mardi 4 avril au Palais de la Nation, les opposants ont défilé au bureau du Président de la République dans le cadre de ses consultations politiques auxquelles le Rassemblement aile Limete n’a pas pris part.
Partant des personnalités d’opposition aperçues à ce Palais, il ne serait pas exagéré d’imaginer ce que pourrait être le contenu du discours de ce mercredi devant le Congrès. Un vrai bis repetita ! L’allocution risque d’être très proche de celle sur l’état de la Nation prononcée mi-novembre 2016 au sujet d’un nouveau gouvernement. Discours au cours duquel Joseph Kabila avait annoncé la nomination « incessamment » d’un Premier ministre issu du fameux Accord du 18 octobre 2016, sous la médiation du Togolais Edem Kodjo.
Et un jour après son discours, c’est un Samy Badibanga qui a été nommé Premier ministre. Loin de résoudre la crise, le choix de Kabila n’a fait qu’amplifier les tensions. Des tensions qui l’ont obligé à confier, à son corps défendant, la mission d’organiser des nouveaux pourparlers aux évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO).
Et les princes de l’église catholique ont vu de mûr et de pas mûr… Ils se sont heurtés à la mauvaise foi des parties, particulièrement de la Majorité présidentielle qui a passé outre les textes de l’Accord pour exiger trois noms au Rassemblement. « Le camp présidentiel s’est évertué à rendre l’Accord du 31 décembre caduque, grandement aidé par le décès brutal de l’opposant Etienne Tshisekedi en février et les guerres internes au sein de l’opposition. », constate un journaliste étranger.
Si ce discours réservera une part au nouveau gouvernement, il ne faut donc pas s’attendre à des surprises. Le schéma « Samy Badibanga » n’est pas loin d’être réédité. Le chef de l’Etat pourrait se tourner vers des opposants moins exposés ou des frustrés comme Valentin Mubake/UDPS à qui il a quasiment accordé un entretien en tête-à-tête et pendant plus de minutes que les autres opposants au Palais de la Nation. Il pourrait tout aussi piocher l’ex-UDPS Bruno Tshibala, le frère « ennemi » de Moïse Katumbi, Raphaël Katebe Katoto ou encore le dissident du Rassemblement, Joseph Olenghankoy.
Bref, ce serait un miracle de voir Joseph Kabila résoudre complètement la crise. « Difficile d’attendre de celui qui a désorganisé sciemment le processus électoral pour se maintenir au pouvoir, de trouver une sortie de crise. », note le même observateur.
En refusant de se rendre au Palais de la Nation, le Rassemblement/Limete n’a fait que réaliser ce que la majorité attendait de lui : « Il n’y a aucun souci à se faire », lance courageusement Lambert Mende au sujet de l’absence du tandem Félix Tshisekedi-Pierre Lumbi aux consultations du Raïs. Cela, pour finalement rééditer ce projet de nommer un Premier ministre dissident afin de contourner ce Rassemblement qui a pourtant le soutien populaire, au regard de la dertnière ville morte.
CN