Premier ministre depuis 2012, Matata Ponyo Mapon est parvenu à inverser les tendances permettant de consolider les bases de croissance de l’économie congolaise. Si en dehors de la RDC, ses mérites font des émules ; au pays, il est loin de faire l’unanimité. Jusque dans sa famille politique, la Majorité présidentielle.
La République démocratique du Congo vient de loin, si loin que nombre d’observateurs ne pouvaient pas imaginer que le pays était capable d’inverser les tendances à un temps record. Contre toute attente, la RDC l’a fait. Aujourd’hui, le pays affiche des statistiques qui suscitent l’admiration. Même le très pointilleux Fonds monétaire international n’a pas hésité à louer l’action du gouvernement dans la conduite des affaires.
« J’ai été impressionné par les progrès accomplis ces cinq dernières années pour apporter la stabilité économique et une forte croissance, qui ont permis à la RDC d’enregistrer le troisième taux de croissance le plus rapide au monde », avait déclaré David Lipton, premier directeur général adjoint du FMI, lors de son séjour début mars 2015 en RDC.
Ban Ki-moon ne s’est pas montré indifférent à l’action du gouvernement en louant, mercredi 23 février à Kinshasa. Il a déclaré : « Les progrès économiques réalisés par le gouvernement congolais et ce, grâce au leadership du chef de l’Etat, Joseph Kabila, dans un climat de paix retrouvée ».
BATAILLE RANGEE DANS LA MAJORITE
Alors que la paix se consolide dans les régions jadis fragiles de l’Est, c’est dans le secteur économique que la RDC a réalisé des progrès remarquables. En effet, à Kinshasa ou ailleurs, tout le monde applaudit les performances inégalables au gouvernement ces cinq dernières.
Si la palme d’or revient au président de la République, Joseph Kabila, principal artisan de cette œuvre, il faut reconnaître le rôle combien important joué par le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon.
Ministre des Finances entre 2010 et 2012, avant d’être porté à la tête du gouvernement en avril 2012, le Premier ministre Matata n’a jamais fait l’unanimité. A peine nommé Premier ministre, personne ne lui donnait les chances de réussir sa mission. Présenté plus comme un technocrate que politicien au faîte des méandres du microcosme politique congolais, personne ne lui accordait une quelconque survie politique au sein de son parti politique, le PPRD, et sa famille politique, la Majorité présidentielle. Que dire de tous les pronostics en sa défaveur ?
Contre toute attente, c’est depuis quatre ans que Matata trône à la Primature. C’est aussi depuis quatre ans que le couple Kabila-Matata fonctionne à merveille, produisant des résultats dont la pertinence a traversé les frontières nationales. Curieusement, c’est au moment où la RDC impressionne par l’efficacité de sa machine économique et la clarté de sa vision de développement que, dans certains milieux, l’on développe des stratégies pour couler Matata. C’est au sein de la Majorité présidentielle, à laquelle appartient Matata, que se joue la grande bataille de la trahison. Paradoxe ! Car, la Majorité a tout à gagner dans l’action du gouvernement. Tous les actifs que le gouvernement aligne sont à inscrire dans la vision tracée par le chef de l’Etat, autorité morale de la Majorité présidentielle.
C’est aussi le moment que les caciques de la Majorité ont choisi pour saper l’action du gouvernement. Une stratégie suicidaire qui, à la limite, dessert totalement la famille politique du chef de l’Etat.
Depuis toujours, Matata est incompris. Autant dans ses méthodes de travail que dans ses choix économiques. Aujourd’hui, l’on se rend à l’évidence qu’il avait raison d’engager la RDC sur cette voie. La stabilité macroéconomique, gage de relance de l’appareil économique national, n’est plus un mythe.
Cette réalité se vit au jour au jour, notamment à travers la préservation du pouvoir d’achat du Congolais d’en bas. De même, la résilience de l’économie n’est plus de l’apanage des inférences statistiques ou économétriques très sophistiquées. C’est une réalité qui se vit au quotidien. Chaque jour qui passe, l’économie réconforte ses capacités de résilience dans un environnement économique international particulièrement hostile.
Les jours à venir seront pénibles. Le gouvernement ne s’en cache pas. Sous la houlette du chef de l’Etat, un train de mesures – 28 au total –ont été prises pour amortir le choc en interne. L’effort sera collectif et non individuel.
Les balbutiements de l’économie congolaise – ce qui est pareil pour d’autres économies des pays sous-développés – ont inspiré les ennemis de l’action gouvernementale. On s’en sert déjà pour dénigrer l’action de Matata, reléguant aux oubliettes tous les progrès économiques de ces cinq dernières années.
L’année 2016 sera très difficile. Année électorale par excellence, le gouvernement aura des grands défis à relever en cette année, tout en se pliant à la grande contrainte qui militera inexorablement sa marge de manœuvre. Ce n’est donc pas l’occasion de chercher à saper, comme c’est le cas, l’action du gouvernement. Personne n’en sortira gagnant. Encore moins la Majorité qui – sans s’en rendre compte – se fait hara-kiri en vouant aux gémonies le Premier ministre Matata. Car, le succès économique de Matata ne peut être mis qu’à l’actif du chef de l’Etat, porteur de la vision.
RESSERER LES LIGNES
Le PPRD et la Majorité présidentielle commettront une grave erreur en sacrifiant Matata. La famille politique du chef de l’Etat n’a pas intérêt à se laisser guider par des opportunistes qui ont sauté sur l’occasion d’une conjoncture économique mondiale difficile pour jeter en pâture tous les résultats économiques de ces cinq dernières années.
En Côte d’Ivoire, au Ghana, en Grande-Bretagne, en Egypte et bientôt en Amérique Latine, Matata est invité pour témoigner du miracle économique congolais.
Pendant ce temps, en RDC, ils sont moins nombreux à lui reconnaître quelque mérite. Bien au contraire, tout le monde, jusque dans sa famille politique, s’active à le déchoir de son piédestal. Comme pour corroborer ce dicton : « Nul n’est prophète chez lui ». Faisant de Matata un homme incompris de ses contemporains.
Correspondance Particulier