Point focale de Transparency International, la Ligue congolaise de lutte contre la corruption (LICOCO) organise, du 20 au 22 juin 2018 à l’Hôtel Memling à Kinshasa, la rencontre régionale Afrique (AMR) de cette organisation internationale de lutte anticorruption.
On a noté la présence de madame l’ambassadeur du Canada en RDC, de l’ambassadeur de l’Union Européenne et également du conseiller spécial du Président de la république en matière de de lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et la lutte contre le terrorisme, Daniel Luzolo Bambi. Ce dernier a, dans son discours liminaire d’ouverture de la rencontre, donné deux raisons d’avoir accepté de prendre part à cette rencontre. Il s’agit de ses convictions personnelles sur la lutte contre la corruption qui doit être inscrite comme un enjeu national, et sa détermination et obligation professionnelle de soutenir la volonté politique ferme du président de la République de lutter contre la corruption en RDC. Parlant de l’expérience congolaise de lutte contre la corruption, Daniel Luzolo Bambi a dit : « l’expérience congolaise en matière de lutte contre la corruption renseigne l’expression politique effective de la volonté politique de la plus haute autorité du pays et des autres responsables des institutions politiques ainsi que l’existence des instruments juridiques de lutte ». Et de faire savoir : « Pour le président de la République, quels que soient les efforts sur le plan de développement, notre économie ne saurait atteindre sa vitesse de croisière dans une ambiance de corruption, de détournement des deniers publics, de coulage des recettes publiques et d’enrichissement illicite. Une lutte continue s’impose dans ce domaine ». Et à propos des instruments juridiques et institutionnels de lutte, le conseil spécial du chef de l’Etat en matière de lutte contre la corruption a cité le code pénal congolais tel que modifié en 2005, les lois pertinentes, les conventions régionales et internationales permettant aux institutions classiques de se saisir pour réprimer les auteurs de la corruption. Il a mentionné aussi deux cent trente parquets de al RDC, les Cours et tribunaux, la Brigade anti-fraude, la Cellule nationale des renseignements financiers, l’Observatoire de la surveillance de la corruption et de l’éthique professionnelle (ex-OCEP), les services du Conseil spécial du chef de l’Etat, la Cellule technique de lutte contre l’impunité du ministère de la Justice, le Parlement, la Cour des comptes, la Police nationale, l’autorité de régulation des marchés publics, la Direction générale de contrôle des marchés publics, la Brigade anti-fraude minière, etc. En outre, il existe des ONG comme la LICOCO, l’Association africaine de lutte contre la corruption, le réseau de parlementaires africain de lutte contre la corruption, etc. Comme quoi, les instruments de répression de la corruption ne manquent pas.
« Mais la question épineuse qui s’est toujours posée est celle d’évaluation des résultats produits par ces instruments et institutions de lutte contre la corruption », a interpellé Daniel Luzolo Bambi. Et de relever le paradoxe congolais entre la taille du budget national de 5 milliards de dollars américains et le coulage des recettes de l’ordre de 15 milliards de fraude, de corruption, dans un contexte de quasi-inexistence de la jurisprudence pour corruption (les prisons ne comptent pas de personnes condamnées pour corruption.
L’ambassadeur de l’Union européenne en RDC, Bart Ouvry, a insisté sur le consensus croissant sur la nécessité de lutte contre la corruption considérée comme un fléau qui dérègle la fonction de l’économie. Les investisseurs craignent l’impact nocif de la corruption qui détruit le capital social lorsque les biens publics sont privatisés. Le diplomate européen a déploré le fait que les moyens déviés par la corruption dépassent les moyens mis à disposition pour l’aide publique au développement. « La lutte contre la corruption est une question des valeurs, des principes et d’intérêts », a-t-il dit avant de revenir sur les principaux fondamentaux de l’Union Européenne en RDC, notamment, la redevabilité et la transparence, l’amélioration de la gouvernance ; l’EU œuvre dans la réforme de l’armée, de la police, le renforcement de la Justice afin d’abolir l’impunité dans le pays, elle travaille avec la Société civile qui joue important avec l’aide de la presse. Enfin, Bart Ouvry a mis l’accent sur le leadership politique. Les partenaires ont un rôle d’accompagnement, mais l’action des élus et des gouvernants est primordiale pour lutter contre la corruption, a fait comprendre l’ambassadeur de l’UE en RDC, soulignant que combattre la corruption est une lutte à long terme.
A l’ouverture des travaux, le président de la LICOCO, Ernest Mpararo a présenté l’économie du rapport sur « Le baromètre mondial de la corruption : cas de la RDC ». Les objectifs poursuivis par cette étude sont d’identifier et classer les défis les plus importants auxquels la RDC est confrontée en matière de gouvernance, de mesurer le niveau de corruption perçue par les Citoyens des diverses fonctions gouvernementales, et de mesurer le niveau d’interaction avec les administrations et évaluer la corruption perçue par les Citoyens de ces prestations de service. Une série des questions liée à la corruption a été posée à des personnes composant un échantillon. « Le Baromètre mondial de la Corruption de la RDC donne une aperçue objective de la situation de la corruption en RDC. Certaines réponses demandent urgemment qu’il y ait vote des lois renforçant la lutte contre la corruption (Loi sur la protection des dénonciateurs des pratiques de la corruption ou la loi sur l’accès à l’information publique). Les résultats des enquêtes doivent interpeller les autorités pour qu’elles prennent en compte les désidératas des citoyens. Les autorités doivent travailler pour proposer des lois pour renforcer la lutte contre la corruption, avoir des politiques pour combattre la corruption et sanctionner les auteurs des pratiques de corruption », a conclu le président de la LICOCO à l’issue de sa présentation.
D’autres intervenants ont également exposé au cours de cette première journée des travaux de la Rencontre régional Transparency International à Kinshasa, dont Mawete du ministère de la Justice, le député national Pasi Za Pamba, et le consultant et expert et en stratégies de développement AL. Kitenge qui a brossé un tableau très sombre de la corruption en RDC, un fléau qui est érigé en mode de vie où les antivaleurs sont applaudies aux dépens de valeurs. Il a donné des pistes de solution pour endiguer, entre autres, la mise en lumière des valeurs.
L’on note que la Rencontre régionale de Transparency International réunit chaque année les sections nationales et les partenaires du mouvement anti-corruption en Afrique, afin de discuter de questions d’intérêt commun à l’égard de leur travail. La rencontre offre une plateforme de redevabilité mutuelle, d’apprentissage des pairs et de planification des initiatives collectives, et s’inscrit dans la ligne des changements suivants souhaités dans la stratégie 2020 de Transparency International.