L’Opposition pro-dialogue appelle à la désescalade  

Face à la montée fulgurante de l’extrémisme entre la majorité au pouvoir et l’opposition radicale, l’Opposition pro-dialogue a appelé, vendredi 22 janvier, au bon sens. Le groupe de cinq personnalités, désormais qualifié de G5 utilise le levier de la désescalade des tensions entre les deux extrêmes. Steve Mbikayi, Justin Bitakwira, Azarias Ruberwa, Arthur Z’ahidi Ngoma et Mushi Bonane prônent le dialogue au détriment du chaos. Ils soutiennent également Edem Kodjo, le facilitateur dépêché par la commission de l’Union africaine pour la tenue de ce dialogue.
Réunie dans la salle des conférences de la paroisse Notre Dame de Fatima, l’Opposition pro-dialogue a réaffirmé sa volonté de voir la classe politique se retrouver autour d’une table pour discuter des enjeux politiques de l’heure. Ces personnalités ont, en l’absence de Z’ahidi empêché, abordé toutes les questions ayant trait au dialogue. Le G5 a, d’emblée, donné sa position officielle sur la désignation par l’Union africaine d’Edem Kodjo comme facilitateur du dialogue congolais. Pour ce groupe, cet émissaire est simplement le bienvenu.
Motivés par le souci d’éviter le chaos, ils se proposent de rapprocher, entant qu’opposition centriste, les deux extrêmes, à savoir, la Majorité présidentielle et l’opposition radicale. « Nous ne pouvons pas écrire l’histoire de notre pays avec le sang des innocents » ont-ils lancé en substance. S’exprimant devant la presse, le député Steve Mbikayi, Porte-parole de la Nouvelle Classe Politique et Sociale/Opposition Nationaliste et Président national du Parti Travailliste (PT) pense qu’il est temps de dialoguer pour dissiper les divergences pour l’intérêt du Congo et du peuple congolais. En ce qui concerne Edem Kodjo, l’élu de la Tshangu explique : « Nous savons tous qu’un facilitateur a été désigné par l’Union africaine et que les uns et les autres ont eu à donner leur position par rapport à ce facilitateur. Mais notre groupe ne s’était pas encore prononcé. C’est ici l’occasion pour nous de dire que nous sommes d’accord et nous soutenons la désignation de M. Edem Kodjo comme facilitateur de notre dialogue. Et nous même, entant que Nouvelle Classe Politique et Sociale, Opposition Nationaliste nous avions déjà, depuis le 30 juin dernier, proposé qu’un Africain soit désigné pour nous aider, bien qu’auparavant nous étions opposé à une médiation internationale. Donc, entant qu’africanistes, nous devons nous aider mutuellement. Edem Kodjo est donc pour nous le bienvenu ».
Steve Mbikayi a, par ailleurs, déploré la radicalisation de deux extrêmes. D’un côté, une  majorité qui se radicalise de plus en plus. De l’autre, ses collègues de  l’opposition radicale qui ne jurent que par l’insurrection populaire. « Et nous, comme centriste, nous demandons aux autres de mettre un peu d’eau dans leur vin parce que dans tous les cas, ils vont toujours aboutir à ce que nous voulons ».
Sans jeter le bébé et l’eau du bain, Mbikayi a souligné que tout citoyen à le droit de résister à une dictature. « Mais nous souhaitons que nous cessions d’utiliser nos populations comme des appâts pour accéder au pouvoir. On a eu à le voir dans le passé, on agit, des gens sont dans la rue, il y a des morts, et enfin de compte le pouvoir est toujours là. Moi je veux conseiller à ceux qui souhaitent la force au détriment du dialogue d’épargner nos populations et carrément de se préparer pour le dialogue. On a assez perdu des vies humaines, on a eu trop de casse, c’est nous qui perdons », a-t-il déclaré.

Bitakwira et la théorie de deux fous  
Pour sa part, le député Justin Bitakwira, coordonnateur de l’Opposition Citoyenne pense que le G5, leur groupe, n’est pas pour la violation de la Constitution. Dans sa sagesse, Bitakwira estime que cette structure ne met pas au-devant de la scène le glissement. Mais notre dynamique, explique-t-il, semble être un troisième œil pour la République. Parce que, pour lui, il y a deux camps majeurs qui s’affrontent dans le pays. Il s’agit de la majorité et de l’opposition. « Et je n’ai jamais cessé de le dire, il y a deux instincts qui s’affrontent. » Le premier instinct est celui de la majorité qui tient à tout prix, et quels que soient les moyens, à conserver le pouvoir. Le deuxième instinct, poursuit-il, c’est celui de l’opposition radicale qui tient aussi à tout prix conquérir le pouvoir. « Et je me suis dit que notre dynamique se trouve entre deux fous », a-t-il constaté.   Deux fous qui, chacun croit qu’il est dans la meilleure voie. Chacun croit que sa folie est plus positive que celle de l’autre. « Et nous nous disons, la RDC c’est notre bien commun. Nous disons aussi à  l’opposition radicale que, elle aussi, n’a pas besoin de bruler la case. C’est la raison pour laquelle notre opposition s’est décidée de trouver le juste milieu qui est celui du dialogue », a-t-il martelé.
A en croire les propos de l’élu d’Uvira, il faut dialoguer pour aboutir à des élections apaisées, crédibles et transparentes. D’un ton sérieux, Bitakwira rassure : « Nous ne sommes pas là pour aller au dialogue avec l’objectif de faire la gloire du Président Kabila, nous sommes là pour apporter notre modeste contribution pour que ce pays reste stable et que ce pays joue le rôle qui est le sien sur le continent africain. Nous avons l’idée de laisser un pays stable à nos descendants, voilà pourquoi nous allons concilier les deux extrêmes. Je vous promets que l’opinion finira par basculer à notre idée. Nous sommes comme une termite et nous allons faire tomber le baobab. Le baobab dont nous parlons ici c’est le chaos prémédité en même temps par la majorité et l’opposition radicale », a-t-il souligné dans sa sagesse.

Ruberwa, des convictions immuables  
Pour l’ancien Vice-Président de la République et Président du Rassemblement des Congolais Démocrates (RCD), Azarias Ruberwa, il faut que le plus grand nombre des Congolais adhère à l’idée d’un dialogue sobre. « Nous avons voulu faire ce point de presse pour fixer l’opinion sur la constance de nos convictions dans l’espoir que le plus grand nombre au sein de la population congolaise va devoir adhérer à l’idée d’un dialogue sobre, juste, intelligent par rapport aux intérêts de la nation », a lâché le patron du RCD.
Il a aussi rappelé l’affrontement des idées de deux camps politiques au pays. « Nous avons nos amis de l’opposition comme nous, mais qui ont une vision différente de la nôtre, elle est assez forte dans ce sens que si la crise perdure, c’est la rue qui va trancher. C’est un point de vue ! Nous avons un autre point de vue de la majorité qui, lorsqu’on la scrute à la loupe, elle peut conduire jusqu’à la violation de la Constitution », a-t-il détaillé avant de poursuivre que nous n’avons pas des jugements outre-mesure à leur coller, mais quand vous entendez les autres se juger, vous avez l’impression que la majorité dit à l’opposition radicale : « vous voulez acquérir par la rue, il y aura des casses, c’est la catastrophe ». « Vous avez également l’opposition radicale qui dit de la majorité, qu’elle veut confisquer le pouvoir, changer la Constitution, remettre tout à la case départ et demeurer à l’infini au pouvoir ». C’est devant cette grande divergence, dit Ruberwa, que s’est créée une nouvelle opinion que nous représentons.

Bonane réfute un dialogue psychologique  
Le dernier à prendre la parole, c’est le Professeur Mushi Bonane, Patron de l’Opposition Patriotique et Républicaine. Il s’est naturellement rallié à l’idée du groupe en soutenant le facilitateur, Edem Kodjo.   « Au niveau de notre plateforme, l’Opposition Patriotique Républicaine (OPR),  nous avons des motifs particuliers d’être satisfaits de cette désignation. C’est depuis toujours que nous avions compris le sens, l’importance et même l’avantage de la vision du Chef de l’Etat en ce qui concerne le dialogue. On pouvait même penser que nous étions pro-pouvoir outre-mesure, mais non ! Ce que nous avions compris à l’époque, c’est l’intérêt du peuple congolais, la solution idoine qu’il fallait. Depuis lors, nous avions fustigé, une consultation élastique, nous avons fustigé un dialogue psychologique, nous avons fustigé le retard que prenait la mise en place du comité préparatoire, nous avons fustigé la lenteur que prenait le SG des Nations unies pour désigner un facilitateur », a-t-il ajouté.  Devant ces avis, les personnalités du « G5 » restent, par ailleurs, convaincues qu’entre les deux extrêmes, il est possible de ne pas être égoïstes. C’est-à-dire, de ne pas toujours voir les intérêts des individus et des partis, mais de privilégier les intérêts supérieurs de la nation et concevoir sagement des solutions qui ne vont pas dans le sens de deux extrêmes.

Dido Nsapu 

 

 

421 Total Views 9 Views Today

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *