Le gouvernement indique que la baisse des cours des principales matières premières au niveau mondial provoque déjà un déficit de 1.3 milliard de dollars américains sur le budget 2016. Ce qui menacerait davantage la mobilisation de 500 millions de dollars prévus pour le processus électoral, cette année.Doit-on dire que le compte-rendu du Conseil de ministres du 22 janvier dernier a été plus politique qu’économique, en ce qui concerne les effets de la baisse mondiale des cours des principales matières exportées par la République démocratique du Congo ? En tout cas, son lien, direct ou indirect, sur le financement des élections en 2016 donne matière à réflexion.
En effet, d’après le gouvernement, le Trésor public a déjà perdu plus d’1.3 milliard de dollars américains pour l’exercice budgétaire 2016 en cours. Cette perte, à en croire l’exécutif national, est due au « ralentissement de l’économie mondiale » suite à la baisse des cours des principaux produits de base exportés par la RDC comme le cuivre et le pétrole. « Une chute marquée des exportations et des réserves internationales du pays ainsi qu’une contraction des réserves budgétaires », peut-on lire dans le compte-rendu du gouvernement qui, pour stabiliser et relancer l’économie nationale, annonce des mesures. Ces dernières concernent l’augmentation des ressources financières, l’amélioration de la qualité de la dépense, la mise en œuvre des réformes structurelles à impact rapide. « Ces mesures sont destinées à durer pendant une période de temps suffisante pour une consolidation de la stabilité économique du pays pendant laquelle elles seront de stricte application avant que ne soit envisagée toute relaxe », explique l’exécutif national.
Cette information du gouvernement a une mauvaise saveur en ce moment où le débat sur la capacité du gouvernement à mobiliser les fonds nécessaires pour la tenue des élections en 2016 fait rage. Pour le compte du budget 2016, une enveloppe de 500 millions de dollars a été prévue pour le financement des élections. Ce qui ne représente que moins de la moitié des fonds nécessaires (1 milliard 200 millions de dollars) pour supporter tous les scrutins prévus par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dans son calendrier électoral global publié en février 2015.
Dans son discours convoquant le dialogue, le 28 novembre 2015, le président de la République avait fait savoir que la capacité de mobilisation de recettes de l’Etat ne pourrait pas permettre au gouvernement de décaisser, dans les meilleurs délais, les 500 millions de dollars. Joseph Kabila avait ainsi fait un parallélisme entre les impératives démocratiques et la nécessité de sauvegarder les acquis du développement. Un discours qui avait été sévèrement critiqué par l’opposition qui avait noté, en ceci, le « manque de volonté politique » du gouvernement de financer les élections. Dans l’entretemps, le député national, Jean-Claude Mvuemba, ne cesse de s’interroger sur la destination qu’auraient pris les 200 millions de dollars qui devraient être décaissés chaque année, depuis 2012, pour les élections.
Alors que le financement des élections posait déjà un problème, ce compte-rendu du gouvernement vient ajouter de nouvelles incertitudes. Si, pour un budget de 9 milliards, il faut commencer à déplorer des pertes, dès janvier, de l’ordre d’un 1.3 milliards de dollars, l’on se demande bien si, jusqu’à fin de l’année, comment sera la situation, surtout que la dégringole des prix de matières premières n’annoncent pas son arrêt.
Katz.