Kabila peut-il faire comme Sassou ?

A Brazzaville, le « Vieux sage d’Afrique » est plébiscité candidat à la présidentielle du 20 mars prochain par son parti (PCT), après avoir réussi le coup de changer la Constitution. De quoi tenter son jeune homologue de Kinshasa, en fin mandat en décembre 2016, à suivre sa trajectoire.Entre les deux capitales les plus rapprochées au monde, il y a toujours eu une complicité culturelle. Les deux peuples partagent presque une histoire commune. Leurs actuels présidents partageraient-ils un avenir politique identique ? C’est ce qui reste à vérifier dans les  mois à venir.
Cette année, les deux présidents devraient, conformément aux Constitutions de deux pays, passer la main après deux mandats consécutifs. Mais Denis Sassou Nguesso a réussi son forcing en convoquant un référendum constitutionnel qui a abouti au changement de la Constitution. Une nouvelle loi fondamentale qui permet de se représenter à trois reprises encore. A 72 ans, l’on peut bien dire que le « Vieux sage  d’Afrique », comme le nomme certains de ses admirateurs, est bien parti pour régner à vie face à une opposition fragile.
Le lundi 25 janvier dernier, sa famille politique, le Parti congolais du travail (PCT), l’a désigné comme son candidat à la présidentielle anticipée du 20 mars.
A Kinshasa, Joseph Kabila dont le second mandat expire en décembre prochain, reste muet sur son sort à quelques mois de la tenue (normalement) de la présidentielle annoncée le 27 novembre par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). A 44 ans, JKK peut-il faire comme Sassou ? Voilà la grande tentation qui soulève des interrogations.
Avant d’arriver au changement de la Constitution, Sassou Nguesso avait convoqué un dialogue au terme duquel l’idée d’une nouvelle loi fondamentale est sortie, malgré le boycott de ces assises par une grande partie de l’opposition. Cette voie de dialogue est également empruntée par le fils de Mzee. Le 28 novembre 2015, Joseph Kabila a convoqué un « dialogue national inclusif » pour, officiellement, trouver des solutions à l’impasse lié au processus électoral. Un processus qui se trouve actuellement en panne à cause notamment du manque de moyens financiers et de l’impréparation de la CENI. Ce dialogue, qui ne s’est toujours pas tenu, est boycotté par une bonne frange de partis et regroupements politiques de l’opposition car considéré comme un moyen pour Joseph Kabila de favoriser le glissement de son mandat ou encore de changer la Constitution. Si ces opposants, au nombre desquels Kamerhe, Fayulu, Katumbi et autres, ont raison, donc le Raïs s’inscrirait sur le même schéma que son homologue de l’autre rive. Sinon, ce dialogue ne serait réellement qu’un moyen de baliser des élections pour des élections apaisées. Mais, le silence du concerné et les interventions de certains membres de la Majorité présidentielle, à l’instar du PPRD Claude Mashala ou encore du ‘’Kabila Désir’’ Kin-Kiey Mulumba, ne sont pas de nature à faire taire les suspicions.

L’appel pathétique de Didier Reynders
Déjà, certaines voix proposent une transition politique, comme la voix de l’opposant pro-dialogue Steve Mbikayi. Mais qui dit transition politique, voudrait aussi dire changement de l’ordre constitutionnel actuel, par après. Ce que beaucoup redoutent au niveau national et international.
Le lundi dernier, vice-premier ministre chargé des Affaires étrangères belge, Didier Reynders, a réitéré l’appel pathétique de la communauté internationale de voir Joseph Kabila respecter la Constitution actuel, surtout en ce qui concerne l’alternance à la tête de l’Etat. Ce, en organisant, dans les délais requis, la présidentielle, malgré les difficultés liés à son organisation. « Le président Kabila a réussi, au cours de cette dernière décennie, à sortir son pays d’une terrible guerre civile, à le réunifier et le stabiliser, même si des groupes armés continuent à sévir à l’Est. Aujourd’hui, il a la possibilité de parachever cette œuvre en assurant pour la première fois dans l’histoire de son pays une transition démocratique et pacifique au sommet de l ’Etat, au terme d’élections présidentielles. Le peuple congolais attend ce moment. La communauté internationale aussi », a déclaré Reynders, caressant même le chef de l’Etat congolais dans le sens du poil. Le même appel est souvent répété par notamment Washington. En 2014, John Terry, le secrétaire d’Etat américain, était même à Kinshasa pour cette raison. Sans noter l’appel téléphonique de Barack Obama, l’année dernière.
Reste à savoir si celui qui, hier, a totalisé, jour pour jour, 15 ans à la tête de la RDC, sera docile aux Occidentaux. En 2007, dans une interview accordée à Jeune Afrique, le jeune président avait juré de ne pas faire comme d’autres présidents africains qui n’hésitent pas à modifier la Constitution de leur pays pour s’éterniser au pouvoir. « La Constitution, c’est sacré… Joseph Kabila n’est pas comme les autres [présidents]. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. II faut savoir s’arrêter. Je vous donne ma parole d’officier », avait-il déclaré après une question de François Soudan.
De toute façon, jusqu’à preuve du contraire, cette parole d’officier n’est pas encore trahie.

Katz.

 

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