Plus le mois décembre – prévu pour la tenue des élections présidentielle et législatives – approche, plus se dessinent les probables négociations entre le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (Rassop) et la Majorité Présidentielle. Selon des sources, elles pourraient intervenir au mois de septembre prochain.
Après des révélations faites par des médias locaux depuis quelques semaines sur des rencontres secrètes qui auraient eu lieu au centre interdiocésain entre des acteurs politiques (on parle de Félix Tshisekedi pour le compte du Rassop et du Pr Adolphe Lumanu pour le compte de la Majorité Présidentielle ou encore de Mamane Sidikou, le patron de la MONUSCO et de l’ambassadeur des USA en RDC), l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) vient, par le truchement de son Secrétaire général, demander aux parties en conflit en République Démocratique du Congo (RDC) de retourner à la table des négociations sous la conduite des Evêques catholiques.
Pour l’OIF, seule l’application de l’Accord de la Saint-Sylvestre- signé le 31 décembre 2106 entre les délégués du rassemblement et ceux de la Majorité Présidentielle – peut permettre de résoudre l’actuelle crise politique que traverse la RDC. Cet Accord prévoit la mise en place d’un Gouvernement dirigé par un Premier ministre issu du Rassop dirigé par Félix Tshisekedi – il avait pris la direction de la plate-forme après la mort de son père le 1er février à Bruxelles.
Les arguments du Rassop…
Selon la radio Top Congo captée mercredi soir à Kinshasa, les deux camps politiques, le Rassemblement/Limete et la Majorité Présidentielle ont été saisis par les dirigeants de l’OIF. Les deux parties, à en croire Top Congo, ont pris, chacun, l’engagement d’aller examiner la proposition avant de se prononcer.
Hasard de calendrier ou heureuse coïncidence ? Car, la demande de l’OIF tombe le jour où une délégation du Rassemblement/Limete, conduite par Jean-Bertrand Ewanga, est allée échanger avec le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). A l’issue de l’entretien avec Corneille Nangaa, les opposants ont proposé que la CENI organise d’abord la présidentielle pour gagner du temps. En attendant, le Rassop a exigé la publication, même partielle, du fichier électoral revisité au plus tard le 1er septembre.
Pour des analystes, la présence de la délégation du Rassop au siège de la CENI n’est pas innocente. « Elle entre dans les stratégies que pourront brandir les opposants auprès de leurs bases respectives le moment venu pour leur dire que nous étions sur place et avions constaté que la tenue des élections en décembre est impossible ; d’où il faut négocier », explique un observateur de la scène politique congolaise.
Ainsi, pour accepter de participer à de nouvelles négociations, le Rassemblement/Limete pourra sûrement placer la barre très haut. « Vous voulez une nouvelle période de transition, donnez-nous la direction de telle ou telle institution du pays », pourront exiger les animateurs du Rassop. Déjà, en acceptant d’examiner la proposition de l’OIF, le Rassop/Limete pense certainement à la Primature.
… les arguments de la MP
Du côté du camp présidentiel, l’argument majeur est connu : il n’y a pas de moyens financiers pour organiser les élections générales, surtout présidentielle à la fin de cette année comme prévu par l’Accord de la Saint-Sylvestre. D’ailleurs, en marge de la visite de la délégation du Rassop, le président de la CENI a indiqué que son institution attend 140 millions de dollars du Gouvernement pour terminer l’opération de l’enrôlement des électeurs.
En brandissant cet argument, la Majorité Présidentielle lance un message clair à Félix Tshisekedi, le président du Rassemblement pour lui dire : « Faute de moyens pour enrôler tous les électeurs, mettons-nous de nouveau autour d’une table pour négocier une nouvelle transition ». A ce sujet, d’aucuns se rappelleront qu’il y a quelques semaines, Félix Tshisekedi réclamait l’instauration d’une transition de six mois sans Kabila sans jamais les élections n’étaient pas organisées au plus tard le 31 décembre 2017. Pour plusieurs, observateurs, la phrase « transition sans Kabila » serait le piège tendu par Félix Tshisekedi pour obtenir un « gros » morceau en cas des pourparlers avec l’autre camp. En attendant, d’aucuns se demandent si ces probables négociations pourront avoir lieu avec la « nouvelle affaire Félix » accusé d’avoir financé Ben Tshimanga, présenté comme l’auteur intellectuel des attaques de la prison de Makala, du Parquet de la Kalamu, du Grand-marché de Kinshasa…
Thomas NABOR