Ce n’était pas gagné d’avance. Appeler à une journée ville morte alors que le gouvernement, qui contrôle l’administration publique, dit le contraire, le pari était trop osé pour l’opposition politique. Surprise : les activités ont été sérieusement handicapées à Kinshasa (voir images ci-dessous).
Les écoles et universités n’ont pas ouvert leur porte. Les parents n’ont pas envoyé leurs enfants à l’école à titre de précaution. Les écoles belges, françaises et américaines à Kinshasa avaient déjà, la veille, annoncé qu’ils n’ouvriront pas.
C’est aussi par crainte que plusieurs maisons commerciales, surtout celles des expatriées, n’ont pas voulu ouvrir leurs portes. Points de vente Canal +, boutique Chez Victoire, Tigo, boutiques chinois et autres sont restés fermés. A la célèbre avenue du Commerce a été méconnaissable.
Crainte ou suivie, une chose est sure : la journée ville morte lancée par l’opposition (Front citoyen, Dynamique de l’opposition, G7, UDPS), a été une réussite dans la capitale congolaise. Ces opposants ont profité de cette journée anniversaire de commémoration des 24 ans de massacres des chrétiens qui réclamaient la réouverture de la Conférence nationale souveraine sous la dictature de Mobutu, pour rappeler à Joseph Kabila la nécessité de respecter la Constitution. Ce, par l’organisation dans le délai constitutionnel de la présidentielle attendue cette année.
« Nous avons lancé un message fort et pacifique à Joseph Kabila », a indiqué Vital Kamerhe, président de l’Union pour la nation congolaise (UNC). Même réaction pour Freddy Matungulu qui affirme qu’« un signal fort a été envoyé au régime en place par le peuple ».
Au niveau de la Majorité présidentielle, l’avis est inverse, malgré les images et le constat sur le terrain. « Au regard des objectifs d’une ville morte, à savoir perturber le déroulement normal de la vie et paralyser la ville, l’appel de l’opposition a été, de toute évidence, un échec cinglant… La Majorité présidentielle a noté avec satisfaction et salue la maturité politique du peuple congolais qui a refusé de servir de marche-pieds à certains personnages aux ambitions mal définies et sans considération aucune des intérêts réels de nos populations, de notre jeune démocratie », a réagi dans un communiqué André-Alain Atundu, porte-parole de la Majorité présidentielle.
Et pourtant, un autre membre de la MP, Léon Engulu, a twitté dans la même journée : « un gouvernement et une majorité politique qui subissent une telle ville morte doivent être remaniés. Ils n’ont pas de poids politique. »
Si à Kinshasa, le 16 février a réussi pour les opposants, à l’intérieur du pays, la réussite a été mitigée. La communauté internationale à travers notamment l’Union africaine et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), ont appelé à l’ouverture du dialogue sous la médiation d’Eden Kodjo et l’organisation dans le délai des élections.