Les jeunes se « cassent » de plus en plus les oreilles

Au lendemain du démarrage de la 13e Semaine du son, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire publie les inquiétants résultats d’une enquête de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) : le nombre de « comportements fréquents et intensifs d’écoute de musique amplifiée via un casque ou des écouteurs » a triplé entre 2007 et 2014. Cette augmentation, jugée « cohérente avec les évolutions technologiques qui ont généralisé l’accès à la musique (plateformes de téléchargement, lecteurs MP3, smartphones, tablettes) », représente un risque important du point de vue de la santé publique. Une génération de futurs sourds est en préparation, ce qui posera de nombreux problèmes individuels – ne plus entendre isole gravement les individus – et un coût potentiellement très élevé pour la collectivité.

L’Organisation mondiale de la santé a récemment alerté sur la menace et la gravité pour l’audition que représente l’exposition aux bruits de nature récréative. Elle estime que près de la moitié des personnes de moins de 35 ans vivant dans des pays ayant un produit national brut (PNB) intermédiaire à élevé seraient exposées à des niveaux sonores dangereux liés à l’écoute de musiques dites « amplifiées » par le biais de dispositifs audio personnels et environ 40 % y seraient exposés dans des lieux de loisirs (bars, discothèques, salles de concerts, etc.).
Les 15-19 ans particulièrement exposés

En France, l’échantillon analysé dans le cadre du Baromètre santé 2014 et utilisé par l’équipe de Christophe Léon comprenait 4 859 personnes âgées de 15 à 35 ans. Près des trois quarts d’entre elles déclaraient utiliser un casque ou des écouteurs pour écouter de la musique (un peu plus les hommes que les femmes). Cette pratique concernait même la quasi-totalité des 15-19 ans, puis diminuait avec l’avancée en âge. L’analyse des facteurs sociodémographiques associés montre que ce sont les jeunes non scolarisés, sans activité professionnelle ou ceux vivant dans un foyer monoparental qui écoutent le plus de musique. Cette pratique est plus répandue dans les grandes villes qu’à la campagne.

Toujours selon ce travail, près de 60 % des 15-35 ans étaient allés à un concert, en discothèque ou avaient joué de la musique à un niveau sonore élevé au moins une fois au cours des 12 derniers mois ; 21,4 % l’avaient fait au moins 10 fois sur la même période. « La répétition de ce type de loisirs apparaît plus fréquente chez les hommes que chez les femmes et parmi les 20-24 ans », précisent les auteurs. Selon eux, la fréquentation répétée de ces lieux était surtout associée aux plus hauts revenus et à la catégorie socioprofessionnelle du chef de famille. Enfin, ce type de loisirs était plus répandu chez les individus déclarant « un usage fréquent et intensif d’un casque ou d’écouteurs ».

Malheureusement, parmi les utilisateurs de casque ou d’écouteurs tous les jours ou plusieurs fois par semaine, seuls 16 % déclaraient « toujours » ou « souvent » avoir diminué le volume sonore ou réduit sa durée d’écoute pour protéger leurs oreilles au cours des 30 derniers jours (sans distinction suivant l’âge et le genre), 23,4 % « parfois » et 60,7 % « jamais » ou « rarement ». Comment leur faire entendre qu’ils risquent de devenir sourds prématurément ? C’est maintenant qu’il faut agir… 

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