La vidéo de la dernière rencontre entre les trois personnalités politiques du pays en Europe fait le tour des réseaux sociaux. Cette alliance de circonstance ne rime qu’à une chose : respect strict de la Constitution dans l’organisation de la présidentielle en novembre de cette année. Sont-ils capables de rester soudés jusqu’au bout ? En tout cas, on n’est jamais sûr de rien avec des opposants.Voir Vital Kamerhe, Moïse Katumbi et Felix Tshisekedi dans une même vidéo, se serrant à n’en point finir les coudes, inspire quelque chose : ces trois acteurs politiques influents de l’opposition entendent former un bloc pour faire face aux enjeux politiques de l’heure. Des enjeux qui se cristallisent autour de l’organisation de l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel. Surtout dans un contexte où le président sortant, Joseph Kabila, n’a plus l’autorisation constitutionnelle de se représenter pour un troisième mandat. Mais, ce genre d’union entre acteurs de l’opposition est souvent fait des hauts et des bas. D’où, la place des interrogations sur la solidité de cette sorte d’alliance de circonstance. Kagame, Katumbi et Tshisekedi peuvent-ils vraiment rester unis jusqu’au bout pour atteindre leur objectif de contrecarrer les « plans » de Joseph Kabila ? Il y a des forces qui plaident pour et des faiblesses qui donnent des signaux négatifs.
Forces
S’il faut intégrer la démarche de Felix Tshisekedi dans la ligne droite de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), de surcroit de son père Etienne, on est face à un trio magique. Ces trois personnalités drainent derrière eux des millions des Congolais et ont une force de mobilisation indéniable. A commencer par l’UDPS, première force politique de l’opposition. Etienne Tshisekedi, deuxième lors de la dernière présidentielle avec 32% de voix, -un score d’ailleurs contesté par le lider maximo estimant qu’il aurait eu plus de 70%-, n’a pas perdu sa popularité, encore moins son charisme. Chef d’un grand parti politique bien implanté, Tshisekedi reste incontournable. Ajouter à cette force, un certain Moïse Katumbi, dernier gouverneur de l’ex-Katanga qui, en plus d’une grande force financière, reste aussi très populaire de le ‘’Katanga wetu’’, fief favori de Joseph Kabila, c’est un poison mortel pour le pouvoir en place. Un poison qui serait encore plus mortel avec l’apport d’une substance appelée Kamerhe, populaire dans les deux Kivu et troisième au terme de la dernière présidentielle. Qui dit popularité, dit que ce trio aussi peut facilement mobiliser la population pour contester contre toute manœuvre tendant à violer la Constitution.
Faiblesses
Il suffit donc de la réussite de cette union pour que ça fasse très mal comme le trio MSN (Messi, Suarez et Neymar) du Football Club Barcelone qui ravage tout sur son passage, en football européen.
Mais, avec une opposition qui, bien souvent, se déchire devant les enjeux politiques de taille, rien n’est acquis d’avance. Le premier élément qui peut faire couac, ce sont les ambitions personnelles de chacun. Kamerhe se veut candidat président de la République, galvanisé par sa troisième position lors de la dernière présidentielle. Katumbi, lui, ne dit mot par rapport à sa candidature, mais tous les indicateurs le présentent comme un prétendant sérieux à la course au Palais de la Nation.
Il a, d’ailleurs, soulevé un débat sur des primaires pour désigner un candidat unique qui n’a pas été accueilli à l’unanimité dans l’opposition. Surtout pas du côté de l’UDPS qui, sans concession, a toujours vu Etienne Tshisekedi comme le candidat naturel de l’opposition, malgré le poids de l’âge ou encore de la santé. La guerre des égos restent vivace dans l’opposition. Ce qui constitue une grande faiblesse, car à chaque fois, c’est le camp adverse qui s’en donne à cœur joie.
Aussi, si pour Kamerhe et Katumbi, n’est-il pas question de participer à un dialogue qui donnerait des béquilles à Kabila pour se réfère une santé politique, à l’UDPS de Felix Tshisekedi, on hésite encore entre le « oui » et le « non ». Dans sa dernière lettre transmise à la présidente de l’Union africaine, Etienne Tshisekedi a dit que l’UDPS ne participera pas à un dialogue convoqué par Kabila qui, dit-il, fait partie du problème. Mais il est toujours probable que le vieil opposant, qui a rencontré Eden Kodjo hier à Bruxelles, puisse mettre un peu d’eau dans le vin. En même temps à Kinshasa, le Secrétaire général de son parti continue à souligner que l’UDPS ira au dialogue. Et ne cesse de tirer sur Kamerhe et autres.
En tout cas, l’avenir le plus proche va confirmer si ce trio va se reposer sur ses forces et ses faiblesses pour faire face au Raïs.
CN