Le Ministre d’Etat à la Fonction Publique est très en colère contre son collègue de l’Economie nationale. Il lui reproche d’avoir usurpé ses fonctions en procédant à la réhabilitation, de manière cavalière et brutale, d’un ancien Secrétaire général de son ministère. Sans doute, c’est un bras de fer qui s’est ouvert entre ces deux membres du gouvernement et pour les départager, il faut faire parler les textes.

Qui a dit que quand on est ministre de la République on n’a pas besoin de prendre des cours de rattrapage sur le fonctionnement et les attributions de son portefeuille ? En tout cas, le patron de l’Economie nationale a visiblement de gaps qui méritent d’être comblés à travers une série de formations. C’est dur de le dire mais l’homme agit depuis sa nomination, en la manière d’un profane à qui l’on doit apprendre les ABC.
Alors qu’il est de notoriété publique qu’en République démocratique du Congo, les fonctionnaires de l’Etat sont administrativement gérés par le Ministre de la Fonction publique, en sa qualité de gestionnaire des ressources humaines de l’Etat, cette vérité semble être ignorée par l’ancien cadre de l’UDPS. C’est ce que témoigne la décision qu’il a prise, le 18 novembre 2017, portant réhabilitation de l’ancien Secrétaire général, Mwawatadi Banjila Shibondo qui a même repris officiellement ses fonctions au cours d’une cérémonie solennelle boudée par la quasi-totalité de directeurs.
Réponse du berger à la bergère, le Ministre d’Etat à la Fonction publique qui n’a visiblement pas été consulté l’a recadré en lui donnant une leçon sur le fonctionnement des services publics.
Dans une correspondance datant de 20 novembre 2017 et dont une copie est parvenue à la rédaction de Congo Nouveau, Michel Bongongo a revêtu sa toge de professeur pour rappeler à l’ordre son collègue. « Je viens d’être saisi en ampliation de vos deux lettres…relatives successivement à la réhabilitation de Monsieur Mwawatadi Banjila Shibondo et à la reprise de service de Monsieur Christophe Kalala Mbayo. En guise de réaction, je me permets de vous rappeler que les dispositions de l’article 66 alinéa 1 de la Loi n°16/013 du 15 juillet 2016 portant statut des agents de carrière des services publics de l’Etat, enjoint que le replacement en activité de service d’un agent suspendu par Arrêté d’un Ministre sectoriel relève de la compétence exclusive du Ministre ayant la Fonction Publique dans ses attributions, pour autant que cette action disciplinaire n’ait pas été clôturée dans les trois mois », lui a-t-il écrit.
Faisant fi de cette remarque, Kaoika s’est entêté. Il s’est fait représenter par son Directeur de cabinet à la cérémonie de remise et reprise entre le Secrétaire général ai, Henri-Georges Esenga Botundu et le SG réhabilité, Mwawatadi Banjila Shibondo. Ce qui fait dire à bon nombre d’agents et cadres de l’administration de l’Economie qu’il incarne l’anarchie, le népotisme et les désordres.
LE PGR invité à intervenir
Suite à sa rébellion et à son refus de respecter les règlements qui régissent les institutions de la République, Joseph Kapika s’est attiré la colère d’une certaine opinion qui émet de doutes sur ses compétences et risque de se créer des ennuis dans les prochains jours.
D’ailleurs, son collègue de la Fonction publique l’a invité sur le bon sens qui doit le pousser à annuler sa décision de réhabilitation de l’ancien SG qui, rappelle-t-on, avait été suspendu pour de « faits graves » et indignes d’un agent de l’Etat.
« De ce qui précède, la réhabilitation par votre lettre de Monsieur Mwawatadi constitue une entrave à la disposition sus-évoquée. Par ailleurs, en attendant la suite définitive au dossier du prénommé, j’ai été porté, à la suite d’un recours m’adressé par Monsieur Kalala, de le replacer en activité en tant que Secrétaire Général a.i à l’Economie Nationale », a protesté Michel Bongongo.
Et de brandir la menace de saisir le Procureur général(PGR) de la République au cas où l’ancien opposant qui a abandonné la lutte une fois nommé dans le gouvernement persisterait dans son ignorance et son arrogance. « Je demeure donc dans ces deux considérations et prie Monsieur le Procureur de la République, qui me lit en copie, de prendre telle mesure qui s’impose pour réinstaller Monsieur Kalala Mbayo Christophe dans ses fonctions et garantir sa reprise en service en qualité de Secrétaire Général a.i désigné », a-t-il averti. Cette affaire aura certainement de nouveaux rebondissements dans les prochains jours.

Jean Dende