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C’est le mercredi 22 novembre 2017 que le premier ministre Bruno Tshibala, accompagné de l’ensemble de son gouvernement, s’est présenté devant les élus du peuple pour défendre son projet de loi des finances, et surtout s’expliquer sur l’interpellation lancée à son endroit par le député Henri-Thomas Lokondo sur le retard constaté dans le dépôt du projet du Budget 2018 à l’Assemblée nationale. Quelques jours auparavant, il avait déposé ce projet de budget et les élus devraient l’examiner, demander au chef du gouvernement de le défendre avant son adoption.
Bruno Tshibala s’est excusé pour ce retard, expliquant toutefois que le gouvernement attendait la publication du calendrier électoral afin d’intégrer les prévisions budgétaires de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). L’autre raison avancée par le premier ministre, c’est le temps très court et serré de déposer, en une année, deux projets de budget, de 2017 et 2018. Malgré ces arguments pourtant probants, certains députés ont, lors du débat général, récusés les justifications de Tshibala. Henri-Thomas Lokondo, élu de l’ex-province de l’Equateur, est allé jusqu’à donner un ultimatum de 72 heures au premier ministre pour qu’il démissionne parce qu’il a déposé le budget en retard, sinon il actionnera une motion de censure.
L’on s’étonne de la platitude de la raison brandie par l’élu de Mbandaka, jusqu’à exiger la démission du premier et son gouvernement. En effet, l’on doit rappeler que Bruno Tshibala a été désigné premier ministre sur base de l’Accord du 31 décembre 2017 signé au Centre Interdiocésain à Kinshasa entre le Majorité présidentielle (MP) et le Rassemblement des forces politiques et sociales acquis au changement (Rassop) sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). Son gouvernement a été investi en mai 2017. Et la principale mission lui assignée est l’organisation des élections, dans un difficile contexte de crise économique. Aussi se devrait-il de prendre le temps de mûrir sa réflexion afin de trouver les moyens pour le financement des élections, d’abord programmées en décembre 2017 avant que la Ceni ne ramène la tenue des scrutins en décembre 2018. L’hypothèse de la destitution du gouvernement Tshibala ouvrirait la voie à de nouvelles négociations politiques afin d’aboutir à la signature d’un autre accord politique et l’on attendrait encore plusieurs semaines ou des mois pour la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale. Et les élections s’éloigneraient encore plus. En clair, l’on décèlerait dans la démarche d’Henri-Thomas Lokondo une subtile stratégie d’éviter l’organisation des élections et valider la thèse de ceux soutiennent que Joseph Kabila voudrait s’éterniser au pouvoir.
Par ailleurs, les gouvernements précédents ont toujours déposé le projet de loi des finances à l’Assemblée nationale en retard, et il n’a jamais été question de les démettre pour ce faire. Pourquoi devrait-on le faire avec le gouvernement Tshibala, d’autant plus qu’il devrait bénéficier d’une sorte de jurisprudence ? Si cela n’est pas de l’acharnement contre cette équipe de l’Exécutif national, ce serait alors la stratégie d’escamoter l’organisation des élections de la part de ceux qui exigent sa démission, car, doit-on rappeler, la mission principale de Bruno Tshibala et ses ministres est l’organisation de votes pour déboucher à la première alternance démocratique en RDC.
Tenez, l’article 126 de la Constitution dit quelque part : « Si, quinze jours avant la fin de la session budgétaire, le Gouvernement n’a pas déposé son projet de budget, il est réputé démissionnaire ». Or, l’expiration de la session budgétaire intervient le 15 décembre. Le dernier jour de dépôt de la loi des finances par le gouvernement est logiquement le 1er décembre. Cependant, Bruno Tshibala a déposé son projet de budget quasiment deux semaines avant le 1er décembre, date butoir conformément à la Constitution, en dépit de la situation politique, économique et financière extrêmement contraignante. Et venir brandir l’ultimatum de démettre dans les soixante-douze heures ou d’actionner une motion de censure à son encontre à cause du retard du dépôt de la loi des finances est, non seulement inopportun, mais également voué à l’échec, étant non conforme à la Constitution et encore moins au règlement d’ordre intérieur de l’Assemblée nationale. L’on devrait plutôt apporter du soutien à cette équipe gouvernementale et avancer résolument vers des élections. N’en déplaise à ceux qui par tous les moyens ne voudraient que le peuple expérimente pour la première fois l’alternance démocratique en RDC.
ME