La saga judiciaire contre des personnalités politiques de l’opposition continue. Sans vouloir les soustraire de cet exercice normal, leurs condamnations paraissent, somme toute, curieuses. Félix Tshisekedi qui vient fraichement de se déclarer candidat à la présidentielle va-t-il échapper à ce sort ? Difficile de l’affirmer d’emblée…
Après la double affaire de Moïse Katumbi sur le présumé recrutement des mercenaires américains et celle de spoliation d’immeuble d’un sujet grec, une autre personnalité dont la voix d’opposant porte le plus, ces jours-ci, vient d’être condamnée dans une affaire de parcelle. « Sindika et son frère Luzolo Dokolo sont condamnés à un an de servitude pénale et au paiement des dommages et intérêts de 15.000 dollars américains. », rapporte actualite.cd. Ils auraient été, selon la source, reconnus coupables de faux en écritures et usage de faux dans une affaire qui les opposait à la succession «Kusuamina» devant le Tribunal de paix de Kinshasa/Assossa. Le verdict aurait été rendu le 4 juillet 2017. Sindika Dokolo – gendre du président angolais, Edouardo Dos Santos et fils d’un ancien homme d’affaire congolais, Augustin Dokolo – est devenu depuis plusieurs mois l’un des porte-étendards des revendications de la population à partir de l’étranger.
Loin de soustraire qui que ce soit à la justice, ce qui parait curieux dans l’affaire, c’est cette propension à des condamnations judiciaires une fois que des personnalités politiques élèvent la voix pour dire non au régime de Kinshasa. Le dernier gouverneur de l’ex-Katanga, Moïse Katumbi a été condamné dans un dossier d’immobilier qui remonte de l’époque où l’homme appartenait encore à la Majorité présidentielle (MP), voire bien avant. En ce moment-là, personne, ni la justice dans son indépendance ni la victime de spoliation et encore moins la MP avait soulevé le problème. Jusqu’à ce que vienne l’anecdote du «troisième faux penalty» prononcé par Katumbi et qui a étrangement coïncidé avec divers ennuis, y compris judiciaires.
Et la récente condamnation de Sindika Dokolo risque d’être vue sous le même angle. « …autant changer de disque! Ça fait téléphoné, cousu de fil blanc! Que ceux qui ont commis une infraction, un crime, soient condamnés; mais c’est tout de même curieux qu’ils soient ciblés uniquement parmi ceux qui s’opposent ouvertement à l’État-MP », se lasse un analyste sur les réseaux sociaux. Avant de rappeler ceci : « Quand le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat dénonce la spoliation des immeubles de l’État par des particuliers à Goma, il reste étrangement muet comme un poisson quant à l’identité de ces derniers… Pas plus que le [Procureur général de la République] PGR! La balance est visiblement truquée… C’est le jour où il s’opposera à «Shikata! qu’on se rappellera que Gédéon Kyungu a été condamné à perpétuité pour crimes contre l’humanité, et qu’il s’était évadé! ». Pour l’instant, poursuit-il, Gédéon Kyungu se la coule douce.
Pour sa part, Sindika Dokolo qui a précédemment dit, via l’agence Reuters, être acquitté par la justice dans cette affaire, tente de minimiser cette condamnation sur son compte twitter: « Je viens d’inaugurer une usine de 400M $, J. Kabila me fait condamner à 1 an de prison pour une parcelle. Mr Kabila ! Votre justice vous perdra ».
A qui le prochain tour ?
Visiblement, la série ne s’arrêtera pas là. Et la justice ne se lassera pas d’interpeller et condamner ceux dont elle estimera coupables, opposants soient-ils. Au sein de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), on essaie de faire émerger un nouveau leadership, après la mort de l’oxydable opposant, Etienne Tshisekedi. Son fils, Félix Antoine, tente de jouer le jeu. Il s’est déclaré, en début de semaine, candidat du parti à l’élection présidentielle. Il s’est aussi farouchement opposé à la décision du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa, reportant à la pelle et de façon cavalière, les élections initialement prévues en décembre 2017, selon l’Accord du 31 décembre 2016. Et jusque-là, tout semble être paisible pour Fatshi. Mais rien n’est toujours sûr. Ses éventuels ennuis judiciaires futurs dépendront de l’épaisseur politique qu’il prendra au fil de son combat politique pour l’alternance d’ici à décembre 2017.
CN