Qui va arrêter la flambée du « roi » dollar sur le marché congolais ? La question reste posée, car personne ne sait à combien va se changer la monnaie américaine dans les jours et mois qui viennent. Cependant, certains spécialistes en la matière, à l’instar de l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito, préviennent déjà le gouvernement congolais.
Parmi les économistes congolais qui haussent le ton, figure en premier lieu Adolphe Muzito, l’ancien Premier ministre. Pour arrêter la dépréciation galopante de la monnaie locale, le Franc congolais, mais surtout pour prévenir une implosion sociale, Adolphe Muzito. Pour lui, « à défaut d’une reprise de coopération avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM), le dollar risque de se changer à 2.000 FC contre 1 $ US avant la fin de l’année ».
Dans la foulée, le député national – élu de la ville de Kikwit, dans la province du Kwilu – rappelle qu’à défaut d’un programme gouvernemental détaillé, « le FMI avait, par le passé, mis à la disposition de la RD-Congo des moyens nécessaires pour calmer la situation économique, à savoir : stabiliser le taux de change sur le marché ». Economiste chevronné et homme d’Etat avisé, l’ancien Premier ministre congolais estime que « la situation socio-économique de la population sera plus explosive si le gouvernement n’entre pas en programme avec les institutions de Bretton Woods ».
Elu du peuple et homme de terrain, Adolphe Muzito craint que la souffrance des populations ne s’accroisse dans les jours et mois qui viennent, car le « roi » semble mettre le cap vers 2.000 Fc contre 1 dollar américain. Ainsi, rappelle-t-il aux tenants du pouvoir actuel l’adage selon lequel « mieux prévenir que guérir ». Il y a lieu de rappeler que sous sa gestion comme Premier ministre, il était parvenu à atteindre le point d’achèvement de l’Initiative Pays pauvres très endettés (PPTE). Pour ce faire, il avait bénéficié de l’appui des institutions monétaires internationales, notamment le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.
Pour la CENCO, « la pays va mal »
A l’issue de leur 54ème session de la plénière, les Evêques catholiques de la République Démocratique du Congo ont, eux aussi, sonné la sonnette d’alarme. Dans une déclaration intitulée « le pays va mal », dénoncé la situation chaotique se retrouve actuellement le pays d’Antoine Gizenga.
Dressant un tableau peu reluisant de la situation socio-économique de la RDC, les princes de l’Eglise ont rappelé qu’il y a peu, les Congolais jouissaient d’une relative stabilité économique. «En ces jours, la santé économique de notre pays est critique, elle empire au jour le jour. Nous assistons au recul du taux de croissance, à la dépréciation de la monnaie nationale face aux devises étrangères à cause du flottement du taux de change. Le climat des affaires est plus que morose et décourage les investisseurs», ont-ils indiqué dans leur texte.
Ils ont également épinglé la corruption, l’évasion fiscale, le détournement de fonds publics. Ces pratiques, ont souligné les Evêques catholiques, ont atteint des proportions inquiétantes à tous les niveaux. Pire. Ils ont dénoncé le fait « qu’un groupe de compatriotes, abusant manifestement de leur pouvoir, s’octroient des avantages économiques faramineux au détriment du bien-être collectifs».
Dans une interview le mardi 27 juin au site actualite.cd, l’abbé Donatien Nshole, le Secrétaire général de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) a rappelé que « la situation va de mal en pis et le gouvernement a une grande part de responsabilité ».
Pour certains analystes, la précarité de la vie a atteint des proportions inquiétantes et que les autorités congolaises ont l’obligation de se mettre à l’écoute. Car, « un ventre affamé, dit-on, n’a point d’oreilles ».
CN