Ibenge : le réparateur des brèches politiques

Son ascension fulgurante à la tête des sélections senior A et locale (A’) du football congolais pourrait durer encore longtemps, tant que l’homme continuera de rendre aux Congolais leur lettre de noblesse perdue sur les champs politique et militaire.Sans verser dans la confusion, les victoires obtenues par Jean-Florent Ibenge, 55 ans, sur les équipes voisines de la République démocratique du Congo ont sensiblement augmenté sa cote de popularité. La dernière en date est celle obtenue contre les Amavubi rwandais le samedi 30 janvier 2016. Au sein de l’opinion, l’homme passe pour le réparateur des dégâts politiques. Tenez ! Lors des expulsions des RD Congolais du Congo-Brazzaville, en avril 2014, l’opinion de la rive gauche du majestueux Fleuve Congo s’était levée pour protester contre l’inaction de Kinshasa. Une opération qui s’accompagnait d’une brutalité policière se soldant parfois par mort d’hommes. Et pendant ce temps, le pouvoir de Kinshasa restait de marbre. Aucune protestation officielle ne s’était fait entendre, à l’époque. Si ce n’est qu’une commission instituée pour tenter de trouver des solutions. La protestation des méthodes d’expulsion des Rd Congolais étaient venue d’une voix qu’on s’y attendait le moins, celle de Martin Kobler, ancien du représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en RDC. Et lors de la célèbre rencontre qui a opposé, en  janvier 2015, les Léopards de la RDC aux Diables rouges du Congo-Brazzaville, les Congolais ont vu dans ce match une occasion de restaurer une dignité que la diplomatie de Kinshasa n’a pu faire. Le score du match fut sans appel : 4 buts à 2. Les Congolais, scandant le nom d’Ibenge, ont retrouvé, par le biais du football, un honneur perdu sur le terrain politique.  L’Angola, qui s’est aussi excellé, ces derniers temps, dans l’expulsion des Congolais ne le fait pas toujours selon les règles de l’art. Avec la perte, par la RDC, du plateau continental au profit de l’Angola dans l’exploitation du pétrole, certains Congolais pointent toujours du doigt l’inefficacité de l’Etat à s’imposer face à ses voisins. Et, la victoire (4-2) de la RDC sur son voisin angolais lors de la deuxième journée du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) est sans doute placée dans ce contexte de « vengeance ».
Un troisième voisin embêtant, c’est le Rwanda de Paul Kagame. Ce dernier, réputé pour ces incursions militaires dans l’Est de la RDC ainsi que des millions de morts congolais fauchés dans des récurrentes rebellions parrainées souvent par ce pays. Et remporter un match de football contre une telle nation ne devrait que sortir de son cadre purement sportif. Et Florent Ibenge le savait. Il a affirmé un jour avant la rencontre qu’on ne jouait pas seulement pour se qualifier, mais aussi pour « les morts » congolais. Remporter un tel match (2-1) au pays des mille collines ne pouvait que donner du baume au cœur des Congolais. Juste après cette victoire ô combien exaltante, les réseaux sociaux se sont enflammés par des commentaires du genre : « Bravo Ibenge ; bravos les gars pour nous avoir rendu notre dignité, notre respect », peut-on lire sur facebook.  Certains Congolais ont vu dans cette victoire une façon de restaurer la mémoire de ceux qui ont loyalement servi sous le drapeau bleu, rouge et jaune étoilé. « Merci d’avoir réhabilité la mémoire du Colonel Mamadou Ndala !», écrit-on sur ce même réseau. Avant de lire ceci : « Eh oui, l’amalgame est vivement autorisé dès lors que l’ossature du onze rwandais provient du club de l’Armée patriotique rwandaise (APR) dont le M23 est l’appendice ».

Dido Nsapu

 

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