En 2016, tout est politique en RDC

En cette année cruciale pour la démocratie et la paix en République démocratique du Congo, tout geste, toute parole, tout évènement est politisé. La tension monte d’un cran à quelques mois d’une présidentielle incertaine.Dimanche 7 février. Après la victoire des Léopards en finale du Championnat d’Afrique des nations (CHAN), la population, comme à son habitude, est sortie pour festoyer dans les rues. Surprise : filles, garçons, jeunes et adultes ont rencontré une opposition farouche de la police anti-émeute. Ce qui a provoqué des échauffourées en quelques endroits comme sur l’avenue de la Libération au niveau de Lingwala.
Le lendemain, l’escorte des Léopards, de retour au pays avec la coupe, a été précipitée à vive allure sans laisser le temps aux milliers de personnes venues à l’aéroport et d’autres alignées le long du boulevard Lumumba, de communier avec leurs héros. Une attitude de la police, sous les commandements du commissaire provincial, le Général Célestin Kanyama, fustigée par une population déçue et énervée.
Pour  Célestin Kanyama, la police a ainsi pris des dispositions pour éviter des dérapages en marge de cette liesse. Mais en réalité, plusieurs indicateurs du moment démontrent que ce choix a été beaucoup plus politique que sécuritaire.
Avant la finale, la liesse dans les rues après les victoires de Léopards en quarts de finale face au Rwanda et en demi-finale face à la Guinée a tourné aux chants hostiles contre le président Kabila, lui rappelant qu’il est à la fin de son mandat (Kabila, oyebela, mandat esili). Ce qui, selon plusieurs personnes, justifie l’interposition de la police.
Le mercredi 3 février, dans la matinée, la visite du chef de l’Etat dans les stades municipaux de Barumbu, Matete et Bandalungwa a donné lieu à un bain de foule. Dans cette foule, on pouvait écouter, notamment parmi les animateurs des partis de la Majorité présidentielle, des cris en faveur de la pérennité de Kabila comme le fameux « Kabila wumela ».
On peut aller loin, lors des obsèques de la chanteuse Marie Misamu, le général Kanyama décide, contrairement au programme, de lever le corps à 10 heures, à toute allure pour le cimetière Nécropole. Justification : raison sécuritaire. Pour certains, les attroupements n’enchantent plus les autorités du pays qui craignent de plus en plus un soulèvement populaire face à l’incertitude de la tenue de la présidentielle dans le délai. Les évènements du 19, 20, 21 janvier 2015 ayant servi de leçon.

Le 16 février prochain, l’Eglise catholique avait prévu une procession pour se souvenir de l’anniversaire du massacre des chrétiens en 1992. Mais les évêques ont décidé de l’annuler à cause de la récupération politique. L’opposition avait indiqué qu’elle accompagnera les chrétiens dans cette procession. Le PPRD, parti au pouvoir, lui aussi, avait indiqué qu’il battrait aussi les pavés poussant le cri : « otie to tie ».
Ainsi qu’on peut s’en rendre compte, actuellement en RDC, on ne peut pas ne pas politiser n’importe quelle situation. Tout est pris sous le prisme politique à quelques mois d’une présidentielle incertaine. Déjà « yebela » et « wumela » se confrontent chaque jour dans le langage kinois.

Katz.

 

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