Le 7 avril dernier, le chef de l’Etat a pris la décision de nommer Bruno Tshibala dans le cadre du début d’application de l’accord de la Saint-Sylvestre signé le 31 décembre au Centre interdiocésain. Une nomination qui a ravivé les contestations politiques d’autant plus que Président de la République a pioché dans une aile « dissidente » du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Isolant ainsi l’aile dirigée par Félix Tshisekedi.
Le fils d’Etienne, qui était pressenti au poste de Premier ministre pour, entre autres, avoir été le chef de délégation de cette méga plateforme au Centre interdiocésain, s’est senti donc roulé. Une frustration qui l’a poussé à appeler à une marche pacifique lundi 10 avril. Marche qui s’est finalement, dans les faits, transformé en une journée ville morte. Mais pourquoi Joseph Kabila n’a pas voulu nommer Félix Tshisekedi alors que cette décision pouvait apaiser les tensions politiques ? Congo Nouveau revient sur les quatre raisons qui auraient pesé dans la tête de Kabila.
1. Ne pas assurer le continuité d’Etienne Tshisekedi
Le décès d’Etienne Tshisekedi, le 1er février a constitué, en quelque sorte, un soulagement pour le régime en place. Le Sphinx de Limete était ce farouche opposant qui, grâce à son aura, pouvait imposer une certaine résistance au régime. Il est parti et il ne faudrait pas donner la possibilité à son fils, très écouté par ailleurs par la base de l’UDPS, de jouer la continuité. Surtout pas à la tête de l’exécutif national.
2. Félix a les allures d’un candidat président de la République
A la prochaine présidentielle, l’UDPS voudrait présenter un candidat, en dépit de la disparition de son leader naturel. Dans cette perspective, Félix Tshisekedi serait le mieux positionné pour porter cette responsabilité. D’ailleurs, la Coalition des alliés d’Etienne Tshisekedi (CAT) conduite par Jean-Pierre Lisanga Bonganga ont déjà porté leur choix sur lui comme candidat président de la République. Briguer la présidentielle en sortant de la Primature, en plus de bénéficier de la popularité de son parti, placerait donc Félix Tshisekedi en position confortable. Une position qui pourrait déranger les ambitions de la MP qui, jusque-là, s’est débarrassé de Moïse Katumbi grâce à une condamnation judiciaire qui le place en situation d’inéligibilité.
3. Un plan du Rassemblement
Plébiscité à la fois candidat Premier ministre et candidat président du Rassemblement, Tshisekedi fils était décidément un point focal au sein de cette méga plateforme de l’opposition. Excepté, peut-être, le camp d’Olenghakoy. Ce soutien, presque unanime, témoigne d’un plan politique préparé autour de sa personne. Et on voyait mal la MP laisser faire les choses.
4. Trop proche de Katumbi
S’il y a un ennemi juré du régime actuellement, c’est bien Moïse Katumbi Chapwe. Et il se fait que le dernier gouverneur de l’ex-Katanga entretient, depuis son passage à l’opposition, des relations confidentielles avec l’UDPS, parti très souvent représenté par Félix Tshisekedi en Europe où se retranche Katumbi depuis son exil forcé. « L’ami de notre ennemi est aussi un ennemi », doit-on se dire dans le camp présidentiel.
Katz.