Depuis le vendredi 2 juin à Genève (Suisse), le Comité des droits de l’homme des Nations unies a reçu une requête du dernier gouverneur de l’ex-Katanga contre l’Etat congolais. Mais comme pour les sanctions européennes, Kinshasa semble rester de marbre. Est-ce un coup d’épée dans l’eau pour le plaignant ?
A l’image de Joseph Kabila face aux deux journalistes de l’hebdomadaire allemand, Der Spiegel, Kinshasa parait droit dans ses bottes face à la montagne des pressions internationales sur le régime. Mais pour combien de temps encore ? Le vendredi 2 juin 2017, le tout dernier gouverneur de l’histoire de la défunte province du Katanga, Moïse Katumbi a franchi un nouveau pas dans sa recherche de la justice. Il a déposé une plainte à Genève contre l’Etat congolais. « La requête vise à ce qu’une enquête soit diligentée pour que le monde entier puisse constater comment Kabila se comporte », a lâché le pénaliste français, Maitre Eric Dupont-Moretti, avocat de Moïse Katumbi. Celui qui qualifie de « pantalonnade » et d’« affaires bidons » les procès contre son client en RDC indique également que la plainte fait suite à l’acharnement continu du pouvoir congolais contre la personne de son client et ses proches.
Réelle pression sur Kinshasa ?
Loin de jouer au pétard mouillé, Katumbi espère voir sa plainte produire de l’effet. Il espère probablement voir le comité des droits de l’homme de l’Onu exercé une autre forme de pression sur le pouvoir de Kinshasa. Pour saisir une telle institution, en l’occurrence, le Comité des droits de l’homme des Nations unies, cela implique que la victime ou le plaignant a épuisé toutes les voies de recours sur le plan local. Et pourtant, Moïse Katumbi ne l’a pas fait. Mais son avocat a un alibi en béton : « (…) de facto, on a interdit à Moise Katumbi le pouvoir de le faire [en RDC, Ndlr]». Selon lui, le pouvoir congolais a mis en place délibérément, pour écarter Moïse Katumbi du processus démocratique, des affaires, considérées familièrement comme des affaires bidons.
Kabila, le premier visé ?
« Ce n’est pas lui qui est visé », explique Dupont-Moretti. Avant de poser des prémisses d’une forme de syllogisme laissant à l’opinion de conclure : « – Kabila se confronte à l’Etat, et l’Etat c’est la règle de droit. – Kabila est là pour protéger le droit mais il ne l’a pas protégé. » Donc… à chacun d’imaginer sa conclusion. Si pour la consommation extérieure Kinshasa semble rester de marbre face aux sanctions occidentales, cela n’est pas totalement le cas. Car, la majorité des dignitaires du régime ont des liens très étroits avec l’Europe. Les voir être privés de fouler le sol du vieux continent ou encore de l’espace Schengen risque de peser à long terme. A la chute du Maréchal Mobutu, la plupart d’entre eux n’ont eu pour terre d’exil que l’Europe. Ils y cachent leurs familles, et même certains, leurs biens. A cela s’ajoute aujourd’hui la plainte de Katumbi qui peut corser les sanctions, au cas où la RDC ne se présente pas à Genève, le moment venu.
CN