Réagissant au discours du Président de la RDC qui a demandé à l’occasion des 58 ans d’indépendance, de s’accrocher pour l’aboutissement des élections, l’Institut de Recherche en Droits Humains (IRDH) estime que le pays s’accroche à un processus incertain. Et pour cause ? La déclaration du Président de la CENI sur les ondes de RFI, ainsi que l’appel lancé par le Président du CNSA au sujet de la machine à voter, le 30 juin 2018.
Afin de permettre au peuple congolais de s’accrocher au processus électoral, les chercheurs du Projet d’Application des Droits Civils et Politiques (PAD-CIPO) font plusieurs recommandations au Président de la République. Il s’agit notamment d’évacuer la série d’incertitudes, en disant sans tergiverser qu’il n’est pas candidat à un troisième mandat présidentiel, contrairement à la campagne amorcée par son parti politique et les tentatives des membres de l’actuel Gouvernement mués en coalition électorale. Ils recommandent aussi le respect de l’Accord de la Saint Sylvestre, en libérant les prisonniers politiques emblématiques et en arrêtant le harcèlement judiciaire dénoncé par les évêques catholiques. En tant que garant de la Nation, Joseph Kabila devrait écouter les critiques de la population contre la machine à voter et inviter la CENI à rétablir la confiance avec celle-ci, en abandonnant ce projet.
Pour ces chercheurs, réconforter le processus électoral signifie pour la population ne pas s’accrocher à une situation incertaine. A l’instar de l’Eglise Catholique, l’IRDH estime qu’il est urgent de rassurer l’alternance politique, pierre angulaire de la démocratie et de l’Etat de droit, en toute responsabilité devant la Nation, au regard de la Constitution et de l’Accord de la Saint Sylvestre.
Et pourtant, l’incertitude se lit dans les messages des autres institutions publiques appelées à rassurer la population, constatent ces chercheurs. Cela, d’autant plus que le jour même de son discours Olenghankoy, Président du Conseil national du suivi de l’Accord (CNSA) a semé le doute sur ledit processus, en invitant quiconque détiendrait des informations sur la dangerosité de l’utilisation de la machine à voter et de son caractère peu fiable, à contacter son institution, au plus tard le 2 juillet. L’IRDH estime qu’il n’est pas bon d’amorcer une investigation, sans renseignements préalables sur le crime.
Restitution des faits
Un peu plus loin, le 22 juin 2018, Corneille Nangaa, Président de la CENI, répondant à une question de la Radio France Internationale (RFI) relative à la crise de confiance sur le processus électoral, il a dit que sa mission n’est pas de créer la confiance avec la population. Ce qui revient à dire qu’il ne se préoccupe pas de la population appelée ce jour à s’accrocher audit processus.
Cela, alors que le 07 juin 2018, le Porte-parole du Gouvernement a rapporté que le Conseil des ministres a peaufiné une stratégie de création d’une coalition politique électorale (Front Commun pour le Congo, FCC) préoccupée par la conservation du pouvoir. Les chercheurs de l’IRDH se demandent comment le Gouvernement, Pouvoir Exécutif de la République servira la population, si sa mission devient la conquête du pouvoir démocratiquement, mission dévolue aux parties politiques.
Par ailleurs, en dépit du fait que la Constitution interdit au Président en exercice de postuler pour un troisième mandat, le Secrétaire Général de son parti politique harangue des foules les incitant à soutenir une troisième candidature de Kabila à sa propre succession, sans que le Parquet Général n’ouvre une enquête judiciaire pour incitation à la trahison, appel du public à violer la Constitution ou rébellion contre l’ordre constitutionnel.
Judith Asina