Eve Bazaïba risque la prison

Une plainte  des jeunes du PPRD adressée au procureur général de la République accuse la secrétaire générale du MLC « d’imputations dommageables, incitation à la haine et outrage au chef de l’Etat ». De quoi envisager une ouverture judiciaire de plus contre un membre de l’opposition.


« …Madame Bazaïba Masudi Eve a publié dans les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle elle tient des propos outrageants et désobligeants envers le Président de la République, Chef de l’Etat. Ces propos ainsi proférés sont constitutifs des infractions prévues par  notre Code Pénal Congolais », peut-on lire dans la plainte signée le 27 mai par Yannick Tshibola Kwasa, président des « Jeunes leaders », une cellule de base spécialisée au sein du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie.
Les membres de « cette cellule de base spécialisée au sein » du  parti présidentielle s’insurgent contre un acte qu’ils jugent « délictueux ». Ils veulent que « la justice soit rendue et que l’image du président de la République, chef de l’Etat, symbole de l’unité nationale soit réhabilitée ».
Si le procureur général de la République répond favorablement à la requête de ces jeunes du PPRD, on cheminerait inéluctablement vers une ouverture d’une procédure judiciaire à l’encontre de cette députée nationale. « Qu’ils (jeune PPRD) déposent la plainte, je vais y répondre. Maintenant je m’occupe de ma santé », a réagi un Eve Bazaiba prête à tout.
Le 26 mai dernier, lors de la marche de l’opposition à Kinshasa pour protester contre l’arrêt de la Cour constitutionnelle donnant le droit à Kabila de rester au pouvoir au cas où les élections n’étaient pas organisées dans le délai requis et les tueries dans le territoire de Beni, la secrétaire générale du MLC a été blessée au mollet. Ce, après une intervention policière qui dispersait les manifestants sur l’avenue de la Démocratie (ex-Huileries) pour « non-respect » de l’itinéraire tracé par l’autorité urbaine pour cette marche. Une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux montre Eve Bazaïba, tout en colère à bord d’un véhicule qui l’évacuait après cet incident, en train de charger verbalement  Joseph Kabila.  Ce que les jeunes du PPRD qualifient « d’outrage au chef de l’Etat ».
Conséquences d’une probable arrestation
Une poursuite judiciaire exposerait cette députée nationale à un emprisonnement. Surtout que « l’outrage au chef de l’Etat » est souvent traité en procédure de flagrance. Mais que peut être les conséquences politiques de l’arrestation de la gestionnaire numéro un d’un grand parti d’opposition comme le MLC ? Il est évident que le pouvoir pourrait réfléchir deux fois avant d’aller au casse-pipe dans ce dossier. Si arrêter Bazaïba pourrait passer comme une façon de faire taire cette dame qui s’insurge radicalement contre le glissement et affaiblir un MLC déjà orphelin de son leader Jean-Pierre Bemba, il serait loin de décrisper une tension politique qui ne fait que monter à l’aune de l’expiration du mandat de Joseph Kabila. Cette probable arrestation noircirait davantage la réputation d’un régime qu’on présente déjà comme voulant étouffer la liberté des opposants par plusieurs moyens dont les arrestations. « On ne peut pas appeler au dialogue et en même temps arrêter des opposants », avait réagi Washington dans la foulée de l’inculpation de Moïse Katumbi dans une affaire de « recrutement des mercenaires ».
L’opposant Jean-Bertrand Ewanga, secrétaire général de l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe, a déjà purgé une année de prison pour la même fameuse accusation d’« outrage au chef de l’Etat ». Vital Kamerhe lui-même est poursuivi par la justice dans une affaire de « diffamation » contre la députée PPRD, Wivine Moleka.
Jean-Claude Muyambo, Eugène Diomi Ndongala, Christopher Ngoyi, Eve Makuambala et Fred Bahuma sont parmi d’autres opposants au régime qui sont emprisonnés pour diverses raisons. Mais, dans l’opinion nationale comme internationale, beaucoup pensent que toutes ces arrestations sont « politiques ».

Katz.

 

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