Arc-en-ciel du Congo (ACC), c’est le nom d’un nouveau regroupement politique et électoral. Créé le 20 avril 2018, la plateforme a effectué sa sortie officielle le samedi 16 juin 2018 à l’hôtel Béatrice dans la comme de Gombe à Kinshasa. A cette occasion, le président de cette structure politique, Jean-Pierre Lisanga Bonganga, a, de prime abord dans son allocution, rendu hommage aux journalistes et activistes des de droits de l’homme qu’il considère comme « des vaillants compatriotes qui ne cessent de faire de la lutte pour l’instauration d’une vrai démocratie dans notre pays leur préoccupation majeure. Certains le font jusqu’au péril de leur vie et de leur liberté, en bravant toutes sortes de menaces, intimidations et autres répressions ».
Lisanga Bonganga a évoqué la modification de la loi électorale en ses articles 118 et 114 qui introduit le seuil de représentativité des partis et regroupements politiques. « Il s’agit d’un pourcentage minimum des voix à atteindre par chaque parti ou regroupement politique pour pouvoir participer, à l’issue du vote, à l’opération de répartition des sièges dans une circonscription électorale donnée. Ce seuil est de 1 % au niveau national et de 3 % au niveau provincial et local », a-t-il fait remarquer. Et de donner la motivation de la création de l’ACC : « Cette nouvelle règle du jeu, qui n’a pas fait l’unanimité dans la classe politique, contraint cependant nos organisations politiques à se repositionner. Il en découle que ceux des partis ou regroupements politiques qui veulent jouer un rôle majeur dans notre pays, doivent se concerter pur pouvoir fédérer leurs forces, leurs moyens, leurs énergies et leurs militants afin d’espérer gagner les élections à tous les niveaux ». Quant à l’appellation du regroupement, Jean-Pierre Lisanga Bonganga a signifié : « L’Arc-en-ciel est le signe de l’alliance conclue et du serment juré par Dieu, le créateur, de ne plus jamais décimer l’univers par l’eau du déluge. Sans exagération aucune, notre pays se trouve à peu près à l’époque de Noé. En faisant froidement un état des lieux du malheur qui s’abat depuis des décennies sur notre peuple, il n’est pas exagéré de considérer que le Congo vit un véritable déluge ». Ce déluge, indique le leader du Front populaire contre la révision de la Constitution, est d’abord au niveau politique. Partant de l’Accord de Sun City conclue par la classe politique pour l’instauration de la démocratie, Jean-Pierre Lisanga Bonganga constate aujourd’hui « un recul démocratique qui se traduit notamment par le refus de l’alternance au pouvoir, les tentatives de révision inacceptable de la Constitution, le rétrécissement de l’espace démocratique par le bâillonnement des libertés, les reports successifs de l’organisation des élections, la mauvaise gouvernance endémique qui s’est traduit par la pérennisation du climat d’insécurité dans notre pays… ». Le déluge est aussi économique et enfin social et culturel.
Face à cette situation, a déclaré Lisanga Bonganga, l’ACC veut se positionner comme une barrière à la descente aux enfers de notre Etat. C’est le symbole de la nouvelle alliance entre le peuple et ses dirigeants, afin que dans la conduite des affaires de notre Etat, plus rien ne soit comme avant. Cette plateforme veut apporter un changement réel dans la gestion de la chose publique de notre pays. Il faut sauver ce pays sinistré par l’action de ses propres fils et filles. « La vision principale de l’ACC est celle de la politique-service, une politique qui place l’homme au centre de l’action publique. Il n’y a de politique véritable que celle qui s’occupe avant tout de l’homme, de tout homme et de tous les hommes. Telle est l’intime conviction de tous les membres et dirigeants de l’ACC. Et nous entendons le traduire dans les actes et pas seulement dans les discours », a explicité Jean-Pierre Lisanga Bonganga. Et de laisser entendre que l’ACC soutient « le respect de la Constitution, l’organisation des élections et tous les engagements pris dans le cadre de l’Accord de la Saint-Sylvestre et exige l’application intégrale et immédiate de celui-ci, en particulier en ce qui concerne les mesures de décrispation politique, la non organisation du référendum, la libéralisation de l’espace politique et médiatique, le redimensionnement de la CENI et du CSAC, etc. ».
L’ACC dérangerait déjà ?
Et l’on apprend que la sortie de l’ACC aurait été négativement perçu par la Majorité au pouvoir du moment que Lisanga Bonganga fait partie du gouvernement dans le cadre de l’application de l’Accord de la Saint-Sylvestre. Mais, souffle-t-on dans l’entourage du ministre d’Etat en charge des relations avec le Parlement, il s’agit justement d’un gouvernement d’union nationale, composée des membres de l’Opposition et de la Majorité présidentielle, formé dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de la Saint-Sylvestre obtenu avec difficultés. Et Lisanga Bonganga a accepté de prendre part au gouvernement Tshibala depuis le mois d’avril 2017, lui qui est de l’opposition. Sa présence au gouvernement de cohésion nationale se justifie par son souci de voir l’Accord de la Saint-Sylvestre être appliquée à la lettre. Il fait partie des signataires de l’arrangement qui sont au gouvernement. Aussi le pouvoir doit-il respecter l’engagement pris avec le peuple, et doit apporter sa protection à Lisanga Bonganga qui a valorisé l’Arrangement particulier contenu dans l’Accord. « Si Lisanga Bonganga part du gouvernement, c’est l’accord qui est violé et tout le gouvernement tombe », a-t-on laissé entendre.
ME